Photo : Riad Par Abderrahmane Semmar Décrocher aujourd'hui son diplôme universitaire peut s'apparenter à un véritable chemin de croix. En effet, à entendre les confessions des nouveaux diplômés qui quittent chaque année massivement les bancs de notre université, la fac, ce n'est guère que de beaux souvenirs. Et pour cause, l'excellence n'est nullement désormais le critère unique pour poursuivre un cursus universitaire remarquable et sans désagréments. De plus, notre université est à la merci de plusieurs fléaux qui se répercutent négativement sur la vie estudiantine. Sara, 22 ans, qui a obtenu son diplôme en interprétariat cette année, nous livre un témoignage édifiant à ce propos. Sa silhouette élégante, une taille fine, un visage mignon et le corps effilé, le charme de Sara ne passe guère inaperçu. Or, durant tout son cursus universitaire à l'université d'Alger, sa beauté, Sara l'a vécue comme un véritable fardeau. «J'étais harcelée par les enseignants. Je n'avais aucun répit. Je vous assure qu'ils n'hésitaient à aucun moment à me faire des propositions indécentes. J'étais victime d'un véritable harcèlement sexuel. Une fois, j'ai remis un prof à sa place lorsqu'il m'a convoquée toute seule après la fin des cours. Mais cela m'a coûté cher : il m'a collé une note éliminatoire à la fin de l'année. J'ai dû batailler jusqu'aux rattrapages à cause de cela alors que j'étais vraiment excellente», confie Sara d'un ton plein de rage. «Croyez-moi, je garderai toujours de ma période universitaire des souvenirs amers. Jamais, au grand jamais, je nai été autant harcelée. Et je ne pouvais même pas me plaindre car à chaque fois on me disait que je ne disposais pas assez de preuves contre les enseignants. Il faut dire que, même à l'administration, on n'hésitait à me signifier que je devrais me montrer plus compréhensive si j'avais envie de décrocher mon diplôme sans problèmes», poursuit notre jeune interlocutrice dont la révolte contre le harcèlement sexuel en milieu universitaire est toujours intacte. «Personne ne veut briser ce tabou et moraliser un tant soit peu l'université. Pensez-vous, je connais de nombreuses étudiantes qui ont accepté de “coucher” pour s'épargner les représailles des profs aux examens. Moi, j'ai toujours voulu préserver ma dignité et mon honneur. Et pour cela, je suis passée à chaque année en rattrapage dans plusieurs modules. Une fois, on a même voulu me disqualifier. J'ai alors fait un scandale dans le bureau du doyen pour éviter ce sort», ajoute encore Sara. Pour cette fraîche diplômée, la fac est bourrée de fléaux dont l'administration ne cherche même pas à endiguer l'ampleur dramatique. «Et il n'y a pas que le harcèlement sexuel. Le népotisme fait rage. Sans des connaissances, vous ne mènerez jamais votre cursus sereinement et tranquillement. Le pire est qu'aujourd'hui tout se vend, y compris les notes et les diplômes. A la fin de l'année, des étudiants et des étudiantes qui n'ont jamais assisté aux cours se voient attribuer des 16 et des 18. Et j'en passe…» relate Sara. Des Sara, notre université en compte des milliers et ce n'est guère les témoignages similaires qui manquent à ce sujet. C'est dire, enfin, que l'université n'est pas de tout repos pour les étudiants. Ils sont plus que jamais livrés seuls à un monde où le savoir et l'éthique ont fait place à la malveillance et à la corruption généralisée…