Photo : S. Zoheir Par Abderrahmane Semmar Ils sont des milliers ces mémoires de fin d'études et ces thèses qui s'entassent, poussiéreux, sur les étagères des bibliothèques universitaires de notre pays sans qu'ils soient archivés, comme il se doit, ou même protégés par un système informatique digne de cette époque moderne complètement acquise aux progrès des technologies de l'information et de la communication. Ce constat amer a été dressé par l'ensemble de la communauté universitaire qui s'est réunie lundi dernier à la bibliothèque centrale de l'université de Boumerdès, le temps d'une journée d'étude sur «l'information scientifique et technique». A cette occasion, les chercheurs de différentes universités du pays ont déploré haut et fort l'inexploitation des produits de la recherche universitaire par des secteurs utilisateurs. Inexploités et non valorisés, ces travaux universitaires ne sont aussi guère protégés et se retrouvent ainsi pillés et livrés à un véritable business aujourd'hui de plus en plus florissant sur nos campus : le trafic illicite des mémoires et des thèses universitaires. En effet, à coups de plusieurs millions de centimes, des étudiants s'offrent désormais sans gêne des mémoires de fin d'études pour décrocher un diplôme de licence, une thèse de magistère ou une autre de doctorat. Dans ce sens, plusieurs scandales ont éclaté récemment dans les universités et des organisations estudiantines sont, elles aussi, sur le banc des accusés car coupables à maintes reprises du commerce des photocopies illégales des travaux de recherche universitaires. De leur côté, les participants à la journée d'étude de Boumerdès ont expliqué cette situation par la «non-informatisation» de ces produits qui demeurent à leur état brut, soit en copies d'imprimerie seulement. D'autres intervenants durant cette journée ont estimé, pour leur part, que l'origine de cet état de fait est à chercher dans les «insuffisances constatées dans l'organisation du secteur des bibliothèques universitaires chargées de la gestion, du stockage et de la diffusion de cette information technique et scientifique». «Cette organisation est en inadéquation avec les moyens mobilisés par la tutelle dans ce sens», ont-ils également souligné, d'où le désintérêt affectant, expliquent encore de nombreux enseignants universitaires, le produit de l'université algérienne de la part de tous les acteurs censés s'y intéresser. Pour remédier à cette situation, le sous-directeur des systèmes du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, M. Mostghanemi Mohamed, a fait part de l'initiation par la tutelle de plusieurs projets à l'échelle locale (entre des universités nationales et des organismes de recherche algériens) et ce, dans le cadre du partenariat avec des universités et organismes européens notamment. Il a cité à ce titre le projet du Réseau régional inter-bibliothèques universitaires du centre (RIBU) inscrit au titre de la valorisation et de la protection de l'information scientifique et technique produite par l'université algérienne. Il convient de signaler à ce sujet que le programme RIBU a été lancé en 2005 en partenariat avec deux universités européennes. Il vise dans sa première phase à relier via le Net 10 bibliothèques universitaires du centre du pays entre elles. Il est question de stocker le fonds documentaire de l'ensemble de ces universités, estimé à un million de documents, ouvrages et revues diverses, dan ce réseau, pour pouvoir le mettre à la disposition des étudiants et chercheurs dans un cadre légal précis à même de les protéger de toutes formes de détournement. Mais pour les chercheurs universitaires, ce programme tarde à donner les fruits escomptés. Et en attendant, sur les campus, la Bourse des travaux universitaires ne connaît pas la crise…