L'Algérie est apparemment sur le point de produire ses premiers véhicules : le Conseil des participations de l'Etat (CPE) va se réunir la semaine prochaine pour l'étude de propositions émanant de constructeurs automobiles. A entendre El Hachemi Djaaboub, ministre du Commerce, qui s'est exprimé jeudi dernier dans les coulisses de l'Assemblée populaire nationale, en marge d'une session consacrée aux questions orales, cette échéance est très proche. «Une réunion du CPE va avoir lieu la semaine prochaine pour étudier quelques projets en gestation de partenariat avec de grands constructeurs d'automobiles. Le temps est arrivé de banaliser l'affaire et de démystifier la construction automobile», a indiqué El Hachemi Djaaboub aux journalistes qui lui ont posé la question sur les conséquences de l'arrêt du crédit automobile. Sauf qu'à la question de savoir qui sont les constructeurs concernés, le ministre du Commerce ne veut pas aller plus loin, se contenant d'invoquer le secret des négociations.Quelques instants auparavant, le membre du gouvernement avait fait référence à des constructeurs asiatiques, sans donner de nom. Déjà avant l'été, un groupe émirati avait annoncé la conclusion d'un accord de principe avec le gouvernement algérien portant sur la construction d'usines de montage de plusieurs modèles de véhicules lourds ou légers pour le compte de plusieurs marques allemandes, dont Volkswagen et Mercedes Benz. Sur un autre plan, le ministre a annoncé l'arrivée, la semaine prochaine, d'un million de tonnes de ciment, promis pour réduire les prix de détail, qui flambaient depuis plusieurs mois. Mais, le ministre est visiblement optimiste, puisqu'il est heureux d'annoncer que le prix a déjà baissé au niveau de la capitale à 520 DA le sac, alors qu'il était à 700 DA quelques jours auparavant. Sauf que la production nationale qui est de 12 millions de tonnes (fabriquée par 12 entreprises publiques et 2 privées) ne couvre pas les besoins du pays estimés à 18 millions de tonnes. Pourquoi est-ce que c'est l'Etat qui importe ? Parce que, répond M. Djaaboub, si ce sont les privés qui s'occupent de l'opération (ils peuvent toujours le faire), les prix ne vont pas baisser à cause de leur cherté sur le marché international. L'Etat a donc trouvé la parade en important du ciment qu'il revend à des prix accessibles «pour sauvegarder le pouvoir d'achat des citoyens». Et si les revendeurs ne jouent pas le jeu ? Le ministre a brandi, comme d'habitude, l'épée de la loi. «Nos services ont déjà fermé plusieurs commerces qui n'ont pas respecté la réglementation», a indiqué le ministre qui veut ainsi montrer la fermeté de son département.Seulement, la fermeté du ministère du Commerce n'est pas forcément de mise quant il s'agit du marché informel. A des questions plus insistantes des députés et des journalistes sur l'impuissance des services de l'Etat à mettre fin au marché informel, El Hachemi Djaaboub a mis en avant deux attitudes : l'une fataliste, qui s'est surtout appuyée sur des vœux creux, et l'autre revendicative, puisqu'il a avoué pour la première fois que son département «n'a pas profité de l'aisance financière du pays et n'a pas bénéficié de gros investissements». Et par investissements, le ministre fait certainement référence à l'extension et au renouvellement des marchés, notamment ceux de gros. Quant aux marchands qui exercent dans l'informel, le ministre dit s'appuyer sur les autres services de l'Etat, car, a-t-il estimé, «ce n'est pas que l'affaire du ministère du Commerce». A. B.