21 ans après, le 5 Octobre revient sur le devant de la scène et se retrouve plus que jamais au cœur de l'actualité. Ainsi, cet événement capital à la lumière duquel l'Algérie contemporaine s'est forgée a gardé des marques indélébiles dans la mémoire collective de notre pays. Certes, des pans entiers de notre jeunesse ont de vagues souvenirs et des connaissances primaires de ces manifestations populaires sans lesquelles il n'y aurait jamais eu de liberté de la presse, de pluralité politique et de lutte pour la défense des droits de l'Homme. Et c'est pour préserver la mémoire de ce peuple qui a embrasé les rues pour dire non à l'injustice et la corruption généralisées que le Rassemblement algérien des jeunes a tenu à organiser un séminaire s'étalant en 3 jours. En effet, «l'Octobre des Libertés» est un espace de réflexion et de témoignages qui propose de revenir sur ces événements historiques et d'analyser leurs impacts sur la réalité sociale et politique de l'Algérie d'aujourd'hui. Pour ce faire, un cycle de conférences a été inauguré hier en présence des dynamiques militants du RAJ et d'autres associations civiles engagées dans la lutte pour la promotion des libertés individuelles en Algérie. Dans ce contexte, le professeur Derguini, militant, enseignant et chercheur à l'université de Sétif, a inauguré le cycle de conférences en animant un débat portant sur les disparus forcés et les harraga. A ce propos, l'intervenant a insisté sur le fait que ces deux drames de l'Algérie contemporaine sont le fruit d'un choc entre deux projets de société totalement opposés. L'un croit que c'est l'Etat qui construit la société civile et l'autre estime en revanche que c'est à la société civile que revient la tâche de bâtir un Etat. Le choc de ces deux visions de l'Etat et des rouages du pouvoir a produit des clivages et des frustrations au sein de la société dont une grande partie de la jeunesse se réfugie dans l'émigration dans l'espoir d'une vie meilleure. Par ailleurs, pour le professeur Derguini, le 5 Octobre a révélé une Algérie en transition. Une transition «générationnelle», dans la mesure où le pouvoir détenu par la génération de la révolution est en train de passer entre les mains d'une nouvelle génération, celle de l'indépendance. «Le mouvement social doit prendre en compte ces données sociopolitiques s'il veut faire aboutir ses revendications et réussir son projet», souligne l'intervenant. Enfin, signalons qu'aujourd'hui le rôle de la culture dans l'éveil citoyen sera au centre d'une conférence animée par le journaliste et auteur Mustapha Benfodil ainsi que par Habiba Djahnine, écrivaine et réalisatrice. Il sera également question au programme des mouvements sociaux au Maghreb, état des lieux et perspectives. A ce sujet, les représentants de l'Organisation démocratique du travail (ODT), syndicat marocain, la présidente du comité femme du SNAPAP et le représentant de l'Action jeunesse, association de jeunes au Maroc, sont invités à donner leur éclairage et leurs critiques. En conclusion, une chose est sûre, ce séminaire contribuera au moins à faire barrage à ces tentatives qui visent à imposer l'oubli sur ce chapitre important de l'histoire de l'Algérie contemporaine. A. S.