Photo : S. Zoheir Par Hassan Gherab Sur la Toile, «ouedkniss.com» est un site de vente et d'échange. On peut y trouver de tout, des carcasses de villas aux voitures, en passant par les téléphones cellulaires, les terrains, les maisons, les livres, les vêtements, les meubles, les ordinateurs, les appareils électroniques ou les instruments de musique. Dans la réalité, Oued Kniss est un vieux quartier populaire à Alger, qui est connu pour être le marché de vieilleries par excellence et où on peut aussi trouver de tout. Dans une étroite ruelle s'alignent les échoppes de brocanteurs qui débordent sur le trottoir en un véritable capharnaüm. C'est un vrai bazar, où un bon chineur peut dénicher un objet intéressant, voire la pièce rare digne d'un antiquaire. D'ailleurs, l'enseigne «la Caverne d'Ali Baba» qui coiffe la devanture d'un magasin de ce quartier, mais plus grand, mieux achalandé et ouvert sur la rue principale, annonce la couleur et donne le ton. D'autres quartiers de brocante existent dans d'autres villes comme P'tit Lac à Oran ou Souika à Constantine. Mais on trouve aussi des magasins ayant pignon sur rue, et qui, même s'ils vendent les mêmes objets que les brocanteurs de Oued Kniss, y mettent un peu plus de «professionnalisme». Les pièces sont astiquées et mises en valeur dans la vitrine où à l'intérieur du magasin. Quelques brocanteurs ont même appris à restaurer certains objets, les vieux meubles particulièrement. Evidemment, entre un brocanteur de Oued Kniss ou de P'tit Lac et celui d'un quartier huppé, la même pièce n'est pas vendu au même prix. On passerait même du simple au double. Un gramophone avec une pile de vieux disques en cire a été acquis à P'tit Lac à 50 000 dinars. Le même gramophone, sans les disques, était proposé à 250 000 dinars par un brocanteur dans un quartier sur les hauteurs d'Alger. Mais que ce soit dans un quartier de brocante ou chez un brocanteur des beaux quartiers, si on a la chance de tomber sur une pièce d'antiquité, on peut toujours marchander et négocier pour l'avoir à bon prix. Toutefois, aucun des deux vendeurs ne peut vous délivrer un certificat d'authenticité, comme le ferait un véritable antiquaire, et cela même s'il est sûr de l'origine et de l'authenticité de la pièce. «C'est l'épée d'un officier d'infanterie de l'armée française, qui date du XIXème siècle. Je le sais. J'ai fait des recherches pour le confirmer, mais je ne peux te donner aucun document qui l'attesterait. En revanche, je te la vendrai au prix d'une épée d'un officier d'infanterie de l'armée française, qui date du XIXème siècle», nous dira un brocanteur d'Alger. Et ce qui est valable pour ce camelot l'est également pour les autres. Ainsi, dans ces bric-à-brac et parmi ces bric-et-broc, on peut trouver de véritables pièces de musée -et ça s'est fait-, mais nous n'avons personne pour l'attester. N'est-il pas temps de penser à mettre de l'ordre dans tout ça (des formations, des stages d'initiation et de perfectionnement) pour y voir un peu plus clair et, peut-être, dénicher des petits trésors qui enrichiraient les collections de nos musées.