Photo : Riad Par Fella Bouredji Lamia est une jeune femme pleine d'ambition. Comme beaucoup de jeunes diplômés de son âge, elle pense qu'une licence est insuffisante pour avoir une belle carrière. «Je suis licenciée en biologie depuis deux ans ; j'ai eu à travailler dans deux laboratoires d'analyses médicales mais ce n'était franchement pas attrayant comme emploi, ni dans la rémunération ni dans le travail à faire. C'est d'ailleurs pour cela que depuis deux ans je me bats pour accéder au magistère.» Le magistère est un mot clé dans les perspectives d'avenir de cette jeune femme. Après avoir obtenu sa licence en 2007, elle s'est tout de suite inscrite pour passer le concours de magistère au département de biologie de Bab Ezzouar. Elle a consacré son été à la préparation du concours mais en vain. Son nom ne figurera pas sur la liste des admis en première année de magistère. Et pourtant, la jeune femme était sûre d'avoir été à la hauteur au vu du niveau général des participants de sa promo. Elle explique : «Des personnes qui ont durant les quatre années de licence eu leurs années sans passer de synthèses ni de rattrapages n'ont pas eu le concours alors que certains autres étudiants qui n'entraient même pas en cours et connus pour avoir de bonnes relations à l'université ont été admis.» Après cet échec, pour Lamia, il est clair que l'accès au magistère ne dépend pas réellement des résultats du concours et elle n'est pas la seule à le penser. Djalil, inscrit actuellement en première année de magistère au département d'informatique de l'université de Bab Ezzouar, garde un souvenir pas très gai du concours qu'il a passé l'an dernier. «J'avais révisé tout l'été, des lectures, de la documentation pour passer le concours avec succès. J'ai été admis de justesse mais ce qui m'a le plus frappé est le niveau général des étudiants qui figuraient sur la liste et que j'ai eu à découvrir tout au long de cette année, en cours.» Un niveau, qu'il trouve «médiocre» et qui lui a laissé un goût amer, sachant que plusieurs de ses amis de promotion ont été recalés au concours alors qu'ils avaient, dit-il, un niveau bien meilleur que ceux qui ont été admis en magistère et qui s'apprêtent maintenant à passer en deuxième année. Selma a aussi fait l'expérience d'un échec décevant au concours de magistère. Seulement, et contrairement à Lamia citée plus haut, elle a décidé de «ne pas lâcher l'affaire» pour reprendre ses mots. «Je ne connais personne pour appuyer mon nom mais je finirai par les avoir à l'usure.» Elle repasse son concours pour la seconde fois cette année et elle continue d'y croire malgré sa conviction indéfectible que le passe-droit règne dans l'accès au magistère. «Je sais que si je n'ai pas été retenue l'an dernier c'est simplement parce que les places étaient réservées à d'autres. Parmi les étudiants retenus, que je connais, plusieurs ont un niveau catastrophique comparé à d'autres qui ont été écartés.». Elle ajoute : «Ce ne sont pas les meilleurs qui sont pris.» Un constat proféré sur un ton amer. Ces pratiques connues de tous sont remises sur le tapis chaque année avec les mêmes interrogations qui ne trouvent pas de réponses et les mêmes inquiétudes qui vont en grandissant mais aucune enquête sur le terrain pour mettre à jour ces pratiques injustes dénoncées à chaque rentrée par des dizaines d'étudiants de divers départements n'est entreprise par la tutelle.