Photo : S. Zoheïr Par Fella Bouredji Il y en a qui en ont déjà. Certains s'échinent pour s'offrir la moins chère qui soit. D'autres n'osent même pas en rêver. D'autres encore, ne cessent d'en changer, pour varier les plaisirs à coups de nouveaux modèles luxueux ! Les jeunes et leurs rapports à la voiture varient selon les catégories et les esprits. Elle représente un moyen de transport censé faciliter les déplacements. Surtout pour les sorties divertissantes, sachant qu'il n'est pas possible d'aller à la plage ou en boîte si on n'est pas véhiculé. Mais pas seulement, c'est aussi un moyen de s'affirmer socialement. Notamment pour les «mecs» qui en font un atout de drague et de séduction et les «filles» qui entretiennent si bien cet état de fait. Voyons ce qu'en pense Adel, jeune étudiant de 24 ans : «Il est évident que les filles s'intéressent plus aux garçons véhiculés. Personnellement, je n'ai pas de voiture et je suis bien content de ne pas attirer les matérialistes ! J'ai déjà une copine et on est très bien ensemble, elle m'aime pour ce que je suis !» Hafid, 27 ans, lui n'a pas de voiture mais il l'explique bien : «C'est la bagarre tous les week-ends avec mon grand frère et ma mère» pour «piquer» la voiture et «faire sortir sa chérie de la soirée». Et d'ajouter : «Pour vous dire sincèrement, je pense que c'est indispensable pour se déplacer mais aussi pour réussir sa vie sociale. Faut pas se leurrer, les gens ne s'intéressent à toi et ne te respectent que si tes apparences entrent dans le moule ! Si tu veux être heureux en société, faut jouer le jeu !!!» D'autres ne se perdent pas dans ce genre de considérations et restent très rationnels, à l'image de Mohamed, 32 ans et déjà père de famille, pour qui «avoir une voiture est un véritable objectif. Parce que c'est une nécessité absolue. Je suis marié et j'ai un enfant et le fait de ne pas être véhiculé me stresse. Au-delà du confort et de l'indépendance dans les déplacements de tous les jours je pense aussi aux cas d'urgence et ça ne me rassure pas du tout ! Mais bon, ma femme et moi travaillons tous les deux et on compte économiser une année pour acheter une petite voiture», explique-t-il. Les filles conçoivent les choses autrement, n'ayant pas besoin de cet atout pour plaire en société. «Avoir un véhicule représente l'accès à la liberté et au confort dans les déplacements et la vie de tous les jours mais aussi à la sécurité mais bon je n'ai pas de voiture et je survis très bien sans. En fait, les taxis sont là pour me dépanner ! Je travaille depuis deux ans déjà mais ce n'est pas réellement dans mes projets d'économiser pour un véhicule. Je considère l'achat d'une voiture comme du gâchis, j'ai mieux à faire de mon argent, investir dans un projet à long terme par exemple», explique Leila, jeune cadre de 25 ans. Leila a déjà un emploi et ne se permet pas d'entrevoir dans un avenir proche de faire des économies pour acheter une voiture. Que peut-il en être pour de jeunes étudiants ? Avoir une voiture pour eux est tout simplement un luxe indéniable et inaccessible. Mais, bien sûr, des exceptions émergent du lot des rêveurs désespérés : ceux qu'Amina appelle vulgairement «les gosses de riches». Amina, 22 ans, envie mais sans méchanceté ces jeunes qui ont déjà tout sans avoir à travailler dur pour l'obtenir. «Que dire de plus sinon qu'il est permis de rêver ; j'en aurai certainement une un jour même si ce n'est pas évident sachant qu'il n'y a plus de crédit automobile !» lance-t-elle avec légèreté.