La Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme a mis sur la scène un débat qui risque, encore une fois, de faire des remous. Parce que, on s'en souvient, il y a une année de cela, un parti politique, le RCD, avait proposé une loi portant sur l'abolition de la peine de mort à l'Assemblée populaire nationale. Les deux organisations n'ont pas eu d'écho favorable. Pis, certaines organisations –qui se sont toujours tues quand il s'agit d'autres atteintes à ce qu'elles considèrent comme sacré- ont donné en pâture à l'opinion publique l'avocat Bouchachi, président de la Ligue, et d'autres militants des droits de l'Homme dans le pays, ceux qui ont «osé» réclamer l'abolition d'une peine qui, de toute façon, n'est plus appliquée dans notre pays depuis 1993. Mais au-delà du choix des uns et des autres, c'est-à-dire de ceux qui soutiennent cette option et de ceux qui s'y opposent, il y a lieu de remarquer un phénomène qui prend de plus en plus d'ampleur ces derniers temps. Et il est apparemment difficile de le juguler tant il a des ramifications même dans les institutions de l'Etat. Il s'agit, malheureusement, de l'inquisition religieuse. En effet, on ne peut pratiquement débattre d'un sujet sans que soit mis sur les têtes une épée de Damoclès. Avant même de tenter d'expliquer les raisons ayant mené à la proposition d'un sujet de débat, on crie à l'atteinte à la religion, au blasphème. Cela s'est produit lors du débat, en 2004, sur le code de la famille sans que les contradicteurs des réformes -audacieuses quoique insuffisantes- regardent les dégâts causés par une loi scélérate sur des pans entiers de la société. On n'a jamais pris en compte les souffrances des femmes répudiées, chassées et jetées à la rue, souvent avec des enfants en bas âge au nom de la religion. On n'a pas non plus permis aux femmes (y compris celles violées dans les maquis islamistes) de pouvoir se débarrasser de leur grossesse, devenue plus un fardeau qu'un événement heureux. Bien sûr, la question est sensible, parce que l'avortement est permis, certes, y compris dans les pays occidentaux, mais avec beaucoup de précautions vu les risques qu'il comporte. Mais le sujet n'est pas là. Cette histoire de l'abolition de la peine de mort a donc connu son lot d'inquisitions. Elle en connaîtra sans doute d'autres. La raison est simple : on a souvent faussé les débats en les déplaçant du terrain purement politique à une arène largement religieuse. Et là, aucun compromis n'est pratiquement possible. Même si dans des thèmes tels que la peine de mort, des spécialistes du droit qui ont combiné leurs recherches avec le «droit divin» ont largement prouvé que l'abolition de la peine de mort n'est pas incompatible avec les textes sacrés. C'est le travail des spécialistes. L'illustration est faite juste pour démontrer que les inquisiteurs jouent souvent sur d'autres terrains et ont probablement d'autres visées que celles affichées. A. B.