La Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH) veut aller vers une coalition de toutes les organisations nationales pour exiger l'abolition de la peine de mort en Algérie. Le président de la ligue, Mustapha Bouchachi, lance un appel à toutes les organisations de défense des droits de l'homme et à tous les partis politiques à s'unir pour réaliser cet objectif. Intervenant lors d'une conférence de presse organisée jeudi dernier à Alger, à l'occasion du 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, M. Bouchachi a salué « l'initiative du groupe parlementaire du RCD à l'APN qui avait proposé un projet de loi pour l'abolition de la peine de mort ». La LADDH lance également un autre appel aux autorités algériennes pour ratifier le statut de Rome de la Cour pénale internationale (17 juillet 1998). Un statut que beaucoup de pays au monde n'ont pas encore ratifié. Revenant sur la situation des droits de l'homme en Algérie, les responsables de la ligue ont été sans concession. Selon eux, la situation des droits de l'homme en Algérie a beaucoup régressé. « Les rapports des organisations internationales affirment que les droits de l'homme ont connu une régression en Algérie. Il y a même une régression des droits économiques et sociaux », a déclaré M. Bouchachi, soulignant des violations des libertés politiques et des libertés de conscience. Dans ce sens, l'orateur a critiqué le maintien de l'état d'urgence au nom duquel on interdit toujours toute manifestation publique à Alger. « Nous aurions aimé organiser une journée d'étude sur les droits de l'homme en Algérie, mais faute d'autorisation, nous n'avons pu le faire. C'est pourquoi nous nous sommes contentés d'une cérémonie au niveau du siège de la ligue », a-t-il souligné. Plus grave encore, le président de la LADDH a noté « la généralisation de la pratique de la torture dans le pays. La torture est pratiquée dans plusieurs régions du pays. Beaucoup de prisonniers l'ont affirmé devant les tribunaux. » Intervenant à la même occasion, le président d'honneur de la LADDH, Ali Yahia Abdennour, s'est montré encore plus critique. Pour lui, les Algériens n'ont toujours pas eu accès au statut de citoyen. « L'Algérien était un sujet pendant la colonisation et il l'est resté après l'indépendance », a-t-il lancé, soulignant qu'aucune évolution de la situation des droits de l'homme n'a été enregistrée en 46 ans d'indépendance. La manière avec laquelle a été révisée la Constitution (sans aucun débat) prouve, une fois de plus, que l'Algérien « n'a pas encore acquis le titre de citoyen ». Maître Ali Yahia a relevé la contradiction entre les déclarations officielles sur le terrorisme et les arguments avancés pour justifier le maintien de l'état d'urgence : « La levée de l'état d'urgence est une condition sine qua non pour la promotion des droits de l'homme. Les manifestations publiques relèvent des droits individuels. » Les droits de l'homme, tranche pour sa part Noureddine Bénissad, vice-président de la LADDH, « sont devenu un enjeu politique en Algérie ». Les pouvoirs publics consacrent, selon lui, des budgets colossaux aux organisations officielles pour blanchir l'image de l'Algérie. « Il faut rendre public le budget de la commission que dirige Farouk Ksentini », a-t-il dit.