C'est la totale pour le continent africain. Il gagne coup sur coup l'organisation de trois Championnats du monde de football comme dans une sorte de martingale inattendue. Est-ce à dire que c'est mérité et légitime ? Répondre par l'affirmative serait, sans nul doute, aller vite en besogne même si les pays qui le composent demeurent les premiers fournisseurs des compétitions européennes non plus seulement en quantité mais en qualité surtout. La preuve en est donnée avec la relative faiblesse des formations au sein desquelles évoluent quelques-uns parmi les plus illustres de ses enfants en Angleterre, Espagne, France, Allemagne, Pays-Bas, Portugal… Pour avoir été les meilleurs ambassadeurs de leurs pays respectifs, ces dizaines, voire ces centaines de footballeurs sont à l'origine d'un retour d'investissement en quelque sorte. La Fédération internationale de football ayant pleinement saisi l'importance du vivier que constitue le continent africain, qui, après avoir acquis ses titres de noblesse via ses représentants dans le domaine de l'athlétisme mondial, notamment le fond et demi-fond, entrait de plain-pied dans cet autre registre sportif qu'est le football. Ainsi, organiser des rendez-vous de la dimension d'une Coupe du monde, quel que soit son gabarit, autrement dit qu'elle concerne les U17 ou U20 ou encore celles des seniors, suppose réunir les conditions idoines pour ce faire. Les responsables de la FIFA en ont ainsi jugé et nul ne saurait remettre en cause leur choix compte tenu des conditions draconiennes que ses instances opposent aux pays candidats à l'organisation. Cette concession de taille, faite par une institution jusque-là suspectée d'unilatéralisme dans ses choix, acquise, il reste maintenant à la bonifier en apportant la preuve, notamment pour l'Afrique du Sud et le Nigeria, par une organisation impeccable sur tous les plans sachant que sur celui infrastructurel il n'y a plus matière à gloser. Il restera toutefois que le vrai test ne sera connu qu'à la clôture des évènements. L'Egypte semble avoir passé haut la main celui-ci, le Nigeria devra confirmer dans les semaines à venir et il ne restera plus au pays des Zoulous que moins de dix mois pour corroborer le tout. D'emblée, des VIP du football que nous avons approchés semblent avoir déjà un avis tranché sur la question et ils en parlent d'ailleurs en connaissance de cause. «L'Egypte vient de prouver qu'un pays africain doté d'infrastructures d'accueil suffisantes et qui plus est de qualité peut sans grandes difficultés abriter une manifestation aussi importante qu'un Championnat mondial de football et ce, quel qu'en soit le gabarit. Sauf qu'il faudrait préciser que ces structures d'accueil ne doivent pas être des structures créées ponctuellement même si elles serviraient a posteriori aussi bien pour des raisons touristiques que d'autres raisons telles que pour l'accueil des délégations sportives sinon l'amalgame des deux. Or, l'Egypte sur ce plan précis est plus qu'en avance comparativement au reste de l'Afrique. S'agissant de l'Afrique du Sud, c'est simple il y a un cahier des charges, ce qui s'est fait en l'espace de quatre années est fantastique et seules la Chine et la Grèce, à un degré moindre, pour les J.O avaient fait autant. Il reste toutefois que le challenge le plus dur à relever est la gestion de la compétition elle-même, en fait la gestion du flux des délégations, des visiteurs, des supporteurs, etc. Et cela est loin d'être évident.» Quant à un autre type de dividendes, autrement dit une amélioration du niveau technique de la discipline sur l'ensemble du continent et surtout l'engouement que susciterait un tel évènement au sein des populations, notamment parmi les jeunes, un arbitre international (juge de ligne) qui s'apprête à rejoindre le Nigeria pour le Championnat du monde des U17 considère que «forcément, nous avons remarqué, au gré de nos pérégrinations à travers les pays africains, l'extrême influence que peut constituer le déroulement d'une compétition continentale. Nous ne vous apprendrons rien en vous rappelant l'éclosion soudaine d'une pléiade de jeunes joueurs avec le statut de star locale, nationale et mondiale, notamment à l'occasion de leur enrôlement dans des clubs européens. Ghanéens, Camerounais, Ivoiriens et Sénégalais sont l'exemple vivant de ce que nous avançons. Il est aujourd'hui de notoriété publique que les sélections nationales africaines vont aussi loin sinon ont dans les pieds de leurs joueurs tous les arguments qui pourraient faire d'elles des outsiders de n'importe quels autres pays réputés développés et effectivement disposant de moyens nettement plus costauds». En fait, pour notre interlocuteur, la difficulté ne se situe pas dans la valeur intrinsèque des footballeurs africains, mais plus dans l'environnement dans lequel ils évoluent, pour ne pas dire vivotent. L'organisation de la discipline en Algérie et les travers de la compétition en apportent malheureusement la confirmation. A. L.