Photo . Sahel De notre correspondant à Bouira Nacer Haniche Le marché des matériaux de construction suscite depuis plus d'un mois un long débat entre les opérateurs économiques, notamment les entrepreneurs qui n'ont pas encore trouvé de réponse à la mainmise exercée par les spéculateurs au niveau de la région, sur les prix du ciment, qui ont atteint ces derniers temps un seuil inimaginable. Cela est dû, en fait, qu'à l'époque actuelle où les différentes localités de la région sont de véritables chantiers pour les projets qui ont été relancés dernièrement par les autorités, le marché est très porteur et les tenants du marché informel trouvent ainsi une meilleure aubaine pour s'enrichir sur le dos des entreprises de production de cette matière, telle que celle de l'ERCC de Sour El Ghozlane dans la wilaya de Bouira ou ailleurs. Selon des sources de cette entreprise, la production au niveau de cette unité a été revue à la baisse de 35% pour atteindre 800 000 tonnes -alors qu'avant, cette usine avait atteint le million de tonnes de ciment- en raison des arrêts techniques répétitifs dus aux opérations d'entretien et de réparation des fours et autres équipements. En effet, depuis près de deux mois, le quintal du ciment est affiché, chez les revendeurs privés des matériaux de construction et le marché parallèle, entre 1 000 et 1 200 DA, alors qu'au niveau de la cimenterie, le prix est fixé à 470 DA le quintal. Les prix du marché informel sont aussi au-dessus de ceux (650 DA le quintal) pratiqués par les entreprises de distribution des matériaux de construction (Edimco) chargées de la commercialisation de ce produit pour les particuliers, où les quotas en ciment sont fixés à 20 quintaux par client. Face à cette situation, plusieurs entrepreneurs ont été poussés à procéder à l'arrêt provisoire et non déclaré de leurs chantiers en attendant le retour à la normale. Si ces derniers sont quelque peu réconfortés de la baisse du prix enregistrée pour le rond à béton qui est de 4 500 DA le quintal, la majorité des entreprises attendent les dispositions qui seront prises par les pouvoirs publics, afin de ramener les prix du ciment et les autres matériaux de base à un niveau acceptable. Cependant, des opérateurs ont indiqué, la semaine dernière, que le prix du ciment est descendu sous la barre des 1 000 DA le quintal, notamment avec le redémarrage des unités basées au centre du pays. D'un autre côté, des sources ajoutent que le stock disponible au niveau de la cimenterie de Sour El Ghozlane est évalué à près de 32 000 tonnes, durant le mois d'avril dernier. Cette quantité est estimée suffisante pour les besoins des clients, qui sont en général des opérateurs qui réalisent des projets pour les secteurs de l'habitat et des travaux publics. Avec la quantité susmentionnée, nous avons appris quem durant le même mois, près de 1 300 tonnes de ciment sont sorties de l'ERCC pour approvisionner les wilayas du Centre ainsi que les unités de distribution Edimco et les grossistes situés au niveau des communes. Sur un autre registre, pour mettre fin au marché informel qui se développe autour de la commercialisation du ciment et autres matériaux de construction, nous avons appris qu'une enquête a été déclenchée au début de l'année par les services de la direction du commerce de Bouira, en collaboration avec la direction de la cimenterie de Sour El Ghozlane ainsi que les services de sécurité. De plus, la direction du commerce a installé une brigade spéciale pour mettre fin aux filières activant dans le commerce illégal du ciment. Selon les résultats de l'enquête, l'opération a conduit, depuis l'été 2008, à la transmission de 50 dossiers à la justice concernant des personnes, des promoteurs et des vendeurs qui seraient impliqués dans la commercialisation illégale du ciment, depuis l'entreprise de Sour El Ghozlane vers les wilayas du Centre. Par ailleurs, au niveau de l'ERCC, les demandes de livraison en ciment sont traitées avec rigueur pour éviter la fraude, le service commercial de l'ERCC exige au préalable un visa du maître d'ouvrage afin de vérifier si les quantités demandées correspondent aux besoins exprimés. De plus, les dossiers des clients entrepreneurs sont vérifiés conjointement par la direction du commerce et l'ERCC, dans le but d'éviter que des quantités de ciment importantes ne s'écoulent au niveau du marché parallèle. Sur un autre plan, lors de la cérémonie de signature d'un protocole de partenariat entre la DFP et le groupe algéro-français Colpa (Lafarge–Cosider), les responsables de la wilaya ont indiqué que des mesures ont été prises pour exiger des promoteurs immobiliers l'usage de matériaux répondant aux normes, ajoutant que ce point sera inclus dans les cahiers des charges. ;ais pour les entrepreneurs, cette mesure risque de leur porter préjudice, car étant donné les prix fixés actuellement, pour les marchés, il est impossible de réaliser des produits de qualité requise, ces derniers souhaitent dans ce cas, une implication renforcée de l'Etat, dans la régulation du marché des matériaux de construction.