Il est de notoriété publique que les banques sont le moteur de toute économie dans le monde. La crise financière mondiale qui sévit encore a démontré la véracité de cette vision admise par tous les spécialistes économiques. Il n'y aurait pas, sans nul doute, de crise financière ni de bouleversements économiques sans le cataclysme qui a ébranlé les banques américaines et le système financier d'une manière générale. Cette corrélation entre le monde de la finance et l'économie réelle a démontré ce rôle que joue un secteur bancaire dans tout système économique. La faillite de l'une des grandes banques américaines, en l'occurrence Lehman Brothers, a démontré au monde entier que les finances sont le cœur battant de l'économie mondiale mais aussi son talent d'Achille. L'ouverture du secteur bancaire en Algérie a drainé, certes, de nombreuses banques étrangères mais il est peut-être temps de marquer une pause et d'analyser la situation. Il est admis que l'ouverture économique en Algérie a franchi des pas importants. Le secteur bancaire a aussi pu marquer des points dans le sillage de cette ouverture mais il reste beaucoup à faire, nous disent les spécialistes. Toutefois, il est utile de faire un bref rappel historique. Le secteur bancaire en évolution constante Le secteur bancaire algérien était constitué, avant l'ouverture économique, de la Banque centrale, de cinq banques publiques, d'une banque d'investissement et d'une caisse d'épargne. Fin 2008, selon le dernier décompte de la Banque d'Algérie, le système bancaire était constitué de vingt-six banques et établissements financiers agréés ayant tous leur siège social à Alger et d'une banque de développement en restructuration. Selon les données de la BA, ils se répartissent comme suit : six banques publiques, dont la Caisse d'Epargne, une mutuelle d'assurance agréée pour les opérations de banque, quatorze banques privées, dont une à capitaux mixtes, trois établissements financiers, dont deux publics et deux sociétés de leasing privées. Ainsi, le paysage bancaire algérien s'est élargi considérablement. Ce paysage est caractérisé aussi par une prédominance des banques publiques par l'importance de leur réseau d'agences réparties sur tout le territoire national. Mais, selon la BA, la plus haute autorité monétaire algérienne, le rythme d'implantation d'agences de banques privées s'est nettement accéléré ces dernières années. Selon le dernier rapport de la Banque d'Algérie, à fin décembre 2008, le réseau des banques publiques comprenait 1 057 agences et celui des banques privées et établissements financiers 244 agences contre 196 en 2007. Le total des guichets d'agences (sans succursales) de banques s'établit à 1 301 contre 1 233 en 2007, soit un guichet pour 26 400 habitants contre 27 400 en 2007. L'amélioration constatée de la bancarisation sous l'angle du développement du réseau est confirmée par le ratio population active/guichets bancaires, qui est de 8 300 personnes en âge de travailler par guichet contre 8 500 en 2007, note le rapport de la BA. Ainsi, le niveau de la bancarisation, sous l'angle du nombre de comptes ouverts par les banques à la clientèle des déposants (dinars et devises) se situe autour de 1,7 compte par personne en âge de travailler et le ratio actif des banques/produit intérieur brut était de 66,3% contre 70% à fin 2007 et 61,4% à fin 2006. L'évolution du secteur bancaire a été caractérisée par une augmentation sans cesse constante des crédits accordés à l'économie nationale et aux investissements publics. Crédits à l'économie nationale : les banques publiques en tête Une augmentation justifiée notamment par la multiplication de projets entrant dans le cadre des différents plans de relance. Cette hausse a été confirmée par la BA, laquelle estime qu'en 2008 l'évolution des crédits attribués par les banques est plus importante qu'en 2007. La BA note sur ce point que, dans le total des crédits octroyés, la part des banques privées est en progression. Bien que lente, cette évolution est appréciable, à mesure qu'elle porte sur le financement des entreprises privées et ménages. Le total des crédits des banques, hors le rachat de créances non performantes par le Trésor en 2005-2007 (94,8 milliards de dinars), est passé de 2 298,6 milliards de dinars à fin 2007 à 2 708,9 à fin 2008 correspondant à un accroissement de 17,8% contre 15,2% en 2007, détaille la BA. Après déduction des rachats de créances non performantes, l'accroissement des crédits des banques en 2008 s'établit à 18,6% contre 15,7% en 2007. Les crédits au secteur privé se sont accrus aussi de 16,2% contre 15% en 2007 et les crédits au secteur public de 21,5% contre 16,6% en 2007. La part des crédits au secteur privé dans l'encours total des crédits distribués par les banques est passée de 55,1% à fin 2007 à 54% en 2008. Pour les banques publiques, le rapport de la BA indique que ces dernières assurent la presque totalité du financement du secteur public, alors même que leur part dans le financement du secteur privé demeure importante, soit 77% en 2008 contre 79,4% en 2007. De la sorte, l'année 2008 a vu le flux des crédits des banques publiques bénéficier plus aux entreprises publiques qu'aux entreprises privées et ménages. Ces banques financent particulièrement les grands projets d'investissement des entreprises publiques dans les secteurs de l'énergie et de l'eau. L'accroissement des crédits consentis par les banques privées en 2008 s'établit à 29,6% contre 42,1% en 2007. La BA nous apprend par ailleurs que la structure de l'encours de crédits distribués par les banques, à fin 2008, montre que les crédits à moyen et long terme représentent 54,5% de l'encours de crédits attribués contre 45,5% pour les crédits à court terme. Il s'agit, selon la même source, d'une nouvelle tendance amorcée à compter de 2006 due, notamment, à la progression des crédits à long terme pour financer les investissements dans les secteurs de l'énergie et de l'eau. Et l'augmentation des crédits hypothécaires et des crédits de financement d'autres biens durables aux ménages a contribué à cette tendance haussière. En ce qui concerne les crédits hypothécaires, leur encours est passé de 109 milliards de dinars à fin 2007 à 127 milliards à fin 2008, soit un accroissement de 16,5 %, dont 1,5 milliard de dinars de crédits refinancés. C'est ainsi qu'à la fin de l'année dernière, les crédits à moyen et long terme attribués par les banques publiques représentent 55,1% du total de leurs crédits contre 53,7% à fin 2007. S. B.