Photo : Riad Par Smaïl Boughazi Le séminaire organisé hier par le ministère de l'Industrie et de la Promotion des investissements a été l'occasion pour de nombreux experts de mettre à nu les failles et lacunes dans la politique de généralisation de l'intelligence économique (IE). Mondialisation oblige, l'Algérie a intégré ce concept dans sa stratégie de développement du secteur industriel, mais force est de constater que les choses avancent lentement. Pour M. Benini, directeur général de l'Agence nationale de promotion du commerce extérieur (Algex), il y a un problème de communication qui est «préoccupant». Il a jugé que ce manque de communication «est d'abord un problème culturel qu'il faut endiguer». De son côté, le directeur général de l'intelligence économique, des études et de la prospective au ministère de l'Industrie, M. Bacha Mohamed, a affirmé qu'un travail se fait actuellement pour sensibiliser les opérateurs économiques qui attendent beaucoup du ministère, dont la stratégie en matière d'IE consiste, explique-t-il, à partager l'information économique avec les opérateurs et même avec les ministères. D'ailleurs, a-t-il fait remarquer, un travail de fond se fait en ce moment en association avec le département de l'Agriculture pour booster le secteur agroalimentaire qui représente à lui seul 50% de l'industrie nationale et qui est une priorité pour le département de Temmar. Par ailleurs, M. Bacha a indiqué que les entreprises nationales «n'ont pas encore véritablement pris conscience de la gravité de l'enjeu économique et continuent encore à s'interroger sur le rôle de l'Etat et leurs relations avec ce dernier». Présente également à la rencontre, Mlle Hayet Kendel, docteur en veille technologique et intelligence économique, a brossé un tableau exhaustif de l'évolution de l'intelligence économique en Algérie. Elle considère que parmi les lacunes et faiblesses relevées, la faible maîtrise des flux d'information économique, l'absence de pôles technologiques excepté le cyberparc de Sidi Abdellah et la migration des compétences vers l'étranger. En revanche, Elle n'a pas oublié les avantages qui existent dans notre pays. Ainsi, elle a parlé de pôles de compétitivité qui peuvent être créés en s'inspirant des expériences étrangères, et de la mise en place de réseaux de compétences algériennes à l'étranger. «On associe à tort l'intelligence économique à la recherche de documents sur le réseau Internet», poursuit-elle. Ce qui est, à ses yeux, un «piège». Plus explicite, elle dira : «L'Algérie devrait veiller à éviter de tomber dans ce piège et chercher à maîtriser les fondements stratégiques de l'intelligence économique, les méthodes d'analyse de l'information disponible et pouvoir distinguer l'information fiable et pertinente de celle qui est diffusée à des fins de contre-intelligence». C'est ainsi qu'elle a préconisé de renforcer le rôle de l'Etat en matière d'appui et de diffusion de sa politique d'intelligence économique, de sensibiliser les acteurs concernés et de renforcer la formation des compétences. «Plus vite seront prises les décisions de sensibiliser les opérateurs algériens sur l'importance de l'intelligence économique, plus vite l'Algérie pourra sortir de son inconfortable position de mono-exportateur», a-t-elle conclu.