L'importance de l'intelligence économique se fait sentir de plus en plus en Algérie. Les opérateurs économiques, les représentants des institutions et organismes publics et les spécialises s'accordent à dire à l'unanimité qu'un travail de longue haleine devrait être fait pour conscientiser les concernés sur l'apport de cette pratique. La première étape qui s'impose aux yeux des spécialistes de la chose économique est la circulation de l'information entre les différentes parties. Pour cela, il faut au préalable «communiquer», conditionnent les observateurs. Pour ces derniers, la communication est perçue comme le cordon ombilical de l'IE. La définition de ce concept le confirme puisque l'IE est l'ensemble des activités coordonnées de collecte, de traitement et de diffusion de l'information utile aux acteurs économiques auquel on peut ajouter les actions d'influence. Ce concept «se distingue de l'espionnage économique car elle se développe ouvertement et utilise uniquement des moyens légaux. Elle se conçoit dans un esprit d'éthique par rapport à des structures d'autorité, en premier lieu celles des États et celles des entreprises». Pour notre pays, force est de constater que l'utilisation des dernières techniques et technologies de production et de transformation est faible. En fait, l'Algérie recèle des ressources innombrables. Les énergies renouvelables, le pétrole, le gaz, les ressources hydriques, les gisements miniers sont en abondance. Les ressources humaines sont aussi un atout pour l'économie du pays. Cependant, pour diverses raisons, l'Algérie demeure un pays qui dépend en grande partie de l'exportation de ses ressources naturelles pour les importer ensuite sous d'autres formes. Pourquoi ? La réponse est toute simple. Il manque à notre tissu industriel l'essentiel, à savoir la maîtrise de la technique et l'innovation. Pourtant, des exemples de mutation d'une économie mono-exportatrice à une économie indépendante existent. Donc, où réside le problème ? Des experts ont tenté de mettre à nu les failles et les faiblesses qui freinent le développement de cette culture. Pour Melle Hayet Kendel, docteur en veille technologique et intelligence économique, parmi les lacunes relevées, la faible maîtrise des flux d'information économique, l'absence de pôles technologiques, excepté le cyberparc de Sidi Abdellah et la migration des compétences vers l'étranger. Ce dernier point reste un handicap pour l'économie algérienne étant donné que, ces dernières années, le pillage des compétences des pays en développement est devenu une politique mûrement réfléchie.En revanche, elle n'a pas oublié les avantages qui existent dans notre pays. A ses yeux, l'Algérie a les moyens de créer des pôles de compétitivité en s'inspirant des expériences étrangères et de mettre en place de réseaux de compétences algériennes à l'étranger. Elle explique dans la foulée qu'en Algérie «on associe à tort l'intelligence économique à la recherche de documents sur le réseau Internet». Ce qui est, pour elle, un «piège». Plus explicite, elle a affirmé que notre pays «devrait veiller à éviter de tomber dans ce piège et chercher à maîtriser les fondements stratégiques de l'intelligence économique, les méthodes d'analyse de l'information disponible et pouvoir distinguer l'information fiable et pertinente de celle qui est diffusée à des fins de contre-intelligence». Ainsi, elle a préconisé de renforcer le rôle de l'Etat en matière d'appui et de diffusion de sa politique d'intelligence économique, de sensibiliser les acteurs concernés et de renforcer la formation des compétences. En un mot, elle dira que «plus vite seront prises les décisions de sensibiliser les opérateurs algériens sur l'importance de l'intelligence économique, plus vite l'Algérie pourra sortir de son inconfortable position de mono-exportateur». On trouve aussi le même raisonnement chez Mme Alice Guiblon, directrice du Centre d'études et de recherches appliquées en management en France. Pour cette dernière, il est impératif de mettre en évidence l'importance de la formation et de la sensibilisation. En se référant à l'expérience française, elle citera aussi la création de schémas régionaux d'IE et une fédération de professionnels en IE, la publication d'un référentiel de formation ainsi que la mise en place de pôles de compétitivité. De leur côté, ministères et des organismes étatiques commencent à comprendre que l'IE est cruciale pour l'émergence d'une économie réelle. Cette prise de conscience s'est traduite par un certain nombre d'actions menées par le ministère de l'Industrie et de la Promotion des investissements. Il s'agit notamment de la signature de trois conventions de partenariat avec l'UFC (Université de la formation continue), l'université de Batna, ainsi qu'avec la CACI (Chambre algérienne de commerce et d'industrie). Dans la même logique, le directeur général de l'Intelligence économique, des études et de la prospective au MIPI M. Mohamed Bacha a estimé que «les opérateurs ont compris l'importance de l'intelligence économique» mais «les entreprises n'ont pas pris la mesure des enjeux». Le même responsable a estimé qu'il ne faut pas rester dans la sensibilisation mais qu'on doit aller vers la production d'éléments de l'IE. Il a souligné sur ce point précis que, si l'Etat doit avoir une politique d'intelligence économique les entreprises, elles aussi, doivent avoir une prise de conscience des enjeux de l'IE. Il est à signaler par ailleurs que les pouvoirs publics comptent pousser les choses un peu plus loin. D'autres actions ont été programmées à l'avenir telle qu'une disposition dans la loi de finances pour 2010. Elle visera à prendre en charge les dépenses liées à l'IE au profit des entreprises. S. B.