La France de 2009 se pose une question aussi surprenante qu'originale : «Qu'est-ce que être Français ? Ainsi en a décidé le gouvernement en proposant un débat de deux mois et demi sur «les valeurs de l'identité nationale et la fierté d'être français», selon les propres termes tenus par celui qui à lancé le projet, M. Eric Besson, ministre de l'Immigration, de l'Intégration et de l'Identité nationale, au cours d'une émission télévisuelle, dimanche dernier. Durant deux mois et demi, les préfets et les sous-préfets sont invités à réunir «les forces vives» du pays sur le thème de «qu'est-ce que être Français ? Quelles sont les valeurs qui relient les citoyens et quelle est la nature du lien entre les Français ? Un grand colloque de synthèse est prévu à la fin de janvier prochain. Avant cela, le président Sarkozy prononcera le 4 décembre prochain le discours de clôture d'un colloque intitulé «Qu'est-ce que être Français ?» Pourquoi le retour sur le devant de la scène politique d'un des thèmes phares de la campagne présidentielle de Sarkozy en 2007 dont le but était de capter une partie de l'électorat du parti de l'extrême droite, le Front national ? Et pourquoi maintenant ? Les partis politiques ont vite réagi à l'initiative gouvernementale exprimant leurs prises de position et leurs réponses selon les sensibilités politiques. A gauche, les réactions son virulentes. La plus tranchante est celle du Parti communiste qui voit «un retour du pétainisme le plus nauséabond». «Ira-t-il jusqu'à inventer le livret du bon Français, délivré en préfecture par le ministre de l'Identité nationale ?», a déclaré Pierre Laurent, coordinateur national du PC. Pour le parti socialiste il s'agit d'une «grosse ficelle» à l'approche des élections régionales en juin prochain. Il est reproché au gouvernement de ressortir les thèmes de l'immigration et de l'identité nationale pour regagner la confiance d'une partie de l'électorat qui ne s'apprête pas à rester dans son giron. «M. Besson et le gouvernement prennent les Français pour des gogos», a déclaré Christophe Cambadélis, secrétaire national du PS à l'international alors que son collègue, député européen, Vincent Paillon a jugé que «la façon dont le débat» s'est ouvert «montre que la France est malade». Evidemment, les partisans de la majorité présidentielle, mais avec quelques voix discordantes, adhèrent à l'initiative gouvernementale en excluant toute démarche électoraliste alors que les Français sont plus préoccupés par le chômage et leur pouvoir d'achat que par un débat sur l'identité nationale auquel certains prédisent un flop. Juxtaposé avec la campagne électorale des régionales, dénué d'un consensus national, sa politisation est certaine. Son contenu risque d'être biaisé avec des risques de dérives et sa finalité incertaine. M. M.