Photo : S. Zoheïr De notre correspondant à Oran Mohamed Ouanezar Depuis plus de trois semaines, les enquêteurs de l'inspection générale des finances (IGF) ont élu domicile dans les locaux de la direction des travaux publics (DTP) de la wilaya d'Oran. Un bureau leur a été spécialement aménagé et doté de matériel informatique afin de leur faciliter le travail. Renseignements pris, les agents de l'IGF épluchent un dossier «sensible» à la demande de la commission nationale des marchés (CNM), apprend-on. Il s'agit du projet de réalisation de la deuxième piste de l'aéroport international d'Es Senia (Oran). Après des plaintes et requêtes introduites par des tiers et à la suite de la récurrence des avenants et des réévaluations des coûts du projet, la commission des marchés a donc jugé nécessaire de dépêcher une commission d'enquête afin de défaire l'écheveau de cette affaire. Il faut dire que le projet de réalisation d'une deuxième piste d'atterrissage est assez important pour la wilaya, d'autant qu'en avril 2010 se tiendra à Oran la 16e conférence mondiale du gaz où plus de 4 000 participants sont attendus. Un mégaprojet confié initialement au groupement d'entreprises ZAS, comprenant le brésilien Andrade Guetteriez et le portugais Zagop, et à l'entreprise Sahraoui (Algérie). Cette dernière devait participer à la réalisation des travaux à hauteur de 20% de l'ensemble du projet, était-il annoncé initialement. L'offre financière de l'entreprise ZAS, retenue provisoirement en juin 2006, était de l'ordre de 2 131 326 415,78 DA avec un délai de réalisation de 18 mois. Cela malgré le recours introduit par l'entreprise nationale Cosider qui avait soumissionné pour un montant, après un rabais de 3%, de l'ordre de 2 507 835 821,28 DA, note-t-on. Cependant, la commission d'ouverture et d'analyse des plis avait noté les offres après le calcul de la marge de préférence nationale, conformément au code des marchés et avait conclu comme suit : l'offre de l'entreprise nationale Cosider a été calculée à 2 507 835 821,28 DA, alors que l'offre du groupement ZAS a été arrêtée à 2 501 339 254,73 DA. Par ailleurs, l'entreprise Sahraoui, qui avait réalisé plusieurs projets dans le secteur des travaux publics inaugurés par le président de la République dans les wilayas de Mostaganem et Oran, a été écartée du projet lors du démarrage des travaux. L'affaire est toujours pendante devant les tribunaux étant donné que cette entreprise avait consenti un investissement colossal de 300 millions de dinars, notamment à travers l'acquisition d'un matériel lourd qui sera, par la suite, immobilisé pendant des mois, alors qu'il était censé être opérationnel dans la réalisation de ce projet. Du coup, le consortium étranger est devenu à 100% de droit algérien après l'exclusion du partenaire algérien. Le consortium étranger a fonctionné, par la suite, grâce aux soumissionnaires nationaux qui ont battu le pavé de l'aéroport pendant des mois avec leurs matériels et personnels. Comment justifier alors le recours systématique aux consortiums étrangers censés drainer la technologie et le savoir-faire ? Des consortiums de plus en plus enclins à profiter des largesses du code des marchés en recourant aux méthodes et voies obscures et moins onéreuses pour s'arracher les grands projets au détriment des groupements nationaux. Cela au détriment du respect des cahiers des charges et des engagements de transfert de technologie et de matériels adéquats. Le délai de réalisation de la deuxième piste d'atterrissage, fixé initialement à 18 mois avec une autorisation de programme ne dépassant pas les 2,5 milliards de dinars, sera de 40 mois et pour un montant de 3 milliards de dinars, nous dit-on.