Toutes les villes du pays et la majorité de ses villages ont, pour le moins, une salle de cinéma, qui, dans la plupart des cas, pouvait aussi faire office de salle de fête. C'est un héritage du colonisateur français qui, venu pour s'installer ad-vitam aeternam en Algérie, a doté les ensembles urbains qu'il s'est construit de toutes les commodités dont les espaces de divertissement et d'animation. La logique aurait voulu que, l'indépendance arrachée, les Algériens, qui, eux, vivront éternellement en Algérie, s'ils ne construisent pas de nouvelles infrastructures culturelles, préservent au moins celles dont ils ont héritées. Or, il n'en fut rien. Pour les cinémas uniquement, au lendemain de l'indépendance, on en comptait quelques 450 salles sur l'ensemble du territoire national, plus que ce que possédaient nos deux voisins réunis. Qu'en reste-t-il aujourd'hui ? Presque rien. Les politiques, les tutelles et les modes de gestion qui se sont succédé ont anéanti, et ce, parc et l'industrie cinématographique. Certes, on a construit un peu partout des centres culturels et des maisons ainsi que des palais de la culture. Mais, s'ils ne sont pas bien équipés, ils sont insuffisants, inadéquats et ne peuvent accueillir toutes les activités, encore moins le public. Car de 1962 à 2009, la courbe démographique s'est maintenue en accroissement constant et le nombre d'Algériens a été multiplié par trois. Il aurait fallu donc que le nombre d'espaces culturels suivent. Mais pas seulement. La politique culturelle et la gestion de la culture doivent aussi être à la hauteur, pour une exploitation optimale de tous les espaces, et l'ouverture d'autres. C'est là la mission des responsables et des élus locaux d'abord. La vie culturelle d'une localité est la responsabilité du maire, du chef de daïra et du wali. Qui mieux qu'eux connaît les centres d'intérêts de leurs administrés et les potentialités de leur région ? Qu'est-ce qui empêche un maire de restaurer, aménager et rouvrir la salle de cinéma ou le petit théâtre du village ou d'un quartier, qui sont fermés depuis des décennies ? L'Etat a bien décidé de construire une bibliothèque par commune et un théâtre dans chaque ville, mais il ne peut se charger de les «vivifier». Il appartient aux autorités locales de mettre en place une politique culturelle qui permettra à leur commune, daïra ou wilaya d'être dotée d'infrastructures et d'avoir une vie culturelle pérenne. Les exemples de villages et de villes qui sont devenues des rendez-vous culturels internationaux sont légion dans le monde. N'y a-t-il pas en Algérie un seul responsable ou élu local qui pourrait donner l'exemple en faisant de sa cité un centre de rayonnement culturel ? H. G.