Photo : Riad Par Abdelkrim Ghezali «Facteur d'attachement aux idéaux nationaux, la justice est ce moyen qui permet à la société de voir régner en son sein la stabilité et la sécurité. Elle est synonyme de vertu tant elle englobe de hautes valeurs humaines et permet l'émergence de principes que sont la dignité, la fierté et l'amour de la patrie. Grâce à cet esprit de justice que se consolide la conscience qu'on a de l'intérêt national suprême du pays et c'est par son truchement que la société transcende les maux qui assombrissent le quotidien des citoyens, ces maux qui freinent son progrès et son développement tels l'égoïsme, le népotisme, la corruption, le pillage, l'agression et le viol. Transcender ces maux, c'est s'éloigner de cette situation de conflits qui impose à l'homme de réclamer justice.» C'est là le préambule du discours du président Bouteflika prononcé hier devant les magistrats. Si ces derniers, et le secteur de la justice en général, comprennent ces mots et agissent afin de les concrétiser, les citoyens reprendraient confiance en l'Etat et la majorité se donnerait corps et âme pour le défendre et consolider son autorité. Si les hommes de pouvoir confondent souvent leur fonction de commis de l'Etat et leurs affaires personnelles, ce qui est pour le moins humain, c'est à une justice juste, indépendante et souveraine, de rappeler ces hommes à l'ordre au risque de provoquer tous les désordres que l'Algérie a connus, notamment depuis les années quatre-vingts. La justice, ce temple de valeurs d'équité, cette instance sacrée est, en théorie, le garant de l'égalité de tous les membres d'une communauté devant les règles la régissant. Sans ces règles, c'est la loi de la jungle qui prévaut. C'est à ce titre que de faire respecter la loi, au sens où elle est le compromis et le contrat réalisés entre les citoyens afin de cohabiter dans la sérénité, la paix, la stabilité et l'égalité de tous face aux droits et aux devoirs. A ce propos, le Président déclare : «Ces réflexions me conduisent à évoquer les actions de l'autorité judiciaire pour combattre les crimes de corruption et rappeler les garanties d'un jugement équitable que la réforme de la justice offre en Algérie, avec toutes les normes reconnues dans les conventions et traités internationaux.» Et d'ajouter : «Grande est notre détermination à lutter contre la corruption sous toutes ses formes et ses manifestations. Nous avons élaboré des mécanismes législatifs et réglementaires qui seront bientôt renforcés par l'installation d'une commission nationale ad hoc. La justice et les lois de la République seront appliquées à toute personne rendue coupable de faits de corruption.» Il s'agit là de propos clairs, sans ambiguïté, que le secteur de la justice et tous les corps qui lui sont liés doivent impérativement traduire dans les faits. Les signes ostentatoires de richesse de personnes qui n'ont comme revenus que leur salaire, sont des pièces à conviction d'une corruption ou d'un détournement de deniers publics. Les pouvoirs concernés attendent-ils d'être saisis pour agir lorsque les citoyens constatent l'enrichissement illicite et l'exhibition éhontée d'une richesse mal acquise, alors que beaucoup d'entre eux n'arrivent pas à satisfaire leurs besoins élémentaires.Enfin, M. Bouteflika estime que «les impératifs de droit ne se résument pas uniquement dans la séparation des pouvoirs et l'instauration d'une autorité judiciaire qui doit, au demeurant, voir son contrôle s'étendre à tous. Ils ne se reflètent pas seulement au travers des prérogatives, des droits et autres libertés. Ils n'ont de sens que si l'application de la loi se traduit concrètement dans ses différents domaines d'intervention, dont la régulation de la vie publique et privée. Ils n'auront de valeur que s'ils s'inscrivent en droite ligne des objectifs assignés à un Etatde droit, c'est-à-dire que lorsque sera assurée l'égalité en droits et en devoirs entre tous les citoyens et seront consacrées les bases de la démocratie et les règles de la bonne gouvernance.»