On aurait beau chercher parmi tous les citoyens du monde, il n'y aurait que le président W. Bush pour réussir cet invraisemblable doublé : fêter l'anniversaire de la création unilatérale de l'Etat d'Israël et s'associer par la parole à la Nekba qui frappait les Arabes de Palestine. Seulement, les faits sont têtus. Le commandant en chef des armées US a toujours choisi clairement son camp. Ben Gourion est mort, vive Israël ! On ne tourne pas le dos aux vieux amis, aux lobbys proches, qui ont fait maintes fois le bonheur des candidats républicains à la présidentielle américaine. Ainsi, le renvoi d'ascenseur vers Tel-Aviv doit être permanent. Qui sait, John MacCain prendrait celui qui est, en ce moment, en marche. Que Barack Obama se laisse glisser par une partie de la presse américaine dans la peau mille fois morte de Fred Kennedy, cela ne change rien. Le locataire de la White House ne remplacera pas un coéquipier qui gagne par de semblables brusqueries. En la personne d'Ehud Olmert qui, comme ses devanciers et ses continuateurs, sait reconnaître les âmes sœurs. Plus belle encore est celle des évangélistes qui gardent foi en la sacro-sainte alliance américano-israélienne. A tel point que les Palestiniens se sentent trahis par l'Amérique en particulier et le reste du monde en général ? W. Bush sait, lui, faire durer le «plaisir». Si les colonisés de Palestine ont cru en les accords de paix passés, aussi caducs les uns que les autres, ils auraient encore assez de patience en réserve pour continuer de s'attacher au plan d'Annapolis. Car, paraît-il, le refus de Tel-Aviv d'inclure le retour des réfugiés palestiniens dans un futur accord de paix n'est pas un obstacle infranchissable. On aurait tant souhaité, d'abord, que le dernier des faiseurs de paix claque des doigts pour stabiliser l'Irak, sécuriser l'Afghanistan, démocratiser le Liban… Mais que tout ce beau monde ne s'emballe pas, se familiarise davantage avec la peur et la souffrance, le «pèlerin de Jérusalem» a des priorités. En plus d'aider à faire barrage aux candidats démocrates -leur élection serait une vraie Nekba pour la sécurité nationale des Etats-Unis-, W. Bush a une pieuse pensée pour l'automobiliste américain à chaque fois que celui-ci passe à la pompe. Avec un baril de pétrole dépassant les 130 dollars, il n'a plus qu'à prier le royaume wahhabite de hausser sa production. Prière exaucée au nom de la récession économique qui guette l'Amérique, les Saoud n'attendent pas moins qu'une «récompense» égale ou supérieure au diamètre de leurs vannes grandes ouvertes. Empêcher les mollahs d'Iran d'étendre leur hégémonie «chiisante» à travers tout le Moyen-Orient et bien au-delà. Promis, juré. Tant qu'il est en poste, W. Bush n'offrira pas le luxe à Ahmadinejad d'avoir le doigt menaçant sur le bouton nucléaire. Après George Walker, le déluge ? Quelle que soit la couleur de son successeur, il n'aura qu'à bien se tenir devant les ravitailleurs des Etats-Unis. Il n'a pas à le leur rappeler, personne n'ignore que le prix du baril risque fortement de se stabiliser entre 150 et 200 dollars. Alleluia, le prix de la paix au Proche-Orient se calcule-t-il à la pompe !? Que les Palestiniens ne s'offusquent pas, W. Bush a pris le temps de déjeuner avec Hosni Moubarak et, plus tard, de dîner avec Mahmoud Abbas auxquels il a réitéré en substance ses propos devant la Knesset. L'existence de l'Etat de Palestine n'est envisageable qu'à un horizon très lointain. Médiateur partial, dites-vous ? Désormais, la Nekba n'est plus palestinienne mais mondiale, figurez-vous… A. D.