Depuis le 2 novembre dernier, théoriquement, toute pièce détachée non fabriquée par les équipementiers automobiles ou par leurs filiales est interdite d'entrée en Algérie. Pour être commercialisée sur le marché algérien, la pièce détachée doit être d'origine et non «taiwan» comme on a l'habitude de qualifier les produits contrefaits. Mais qu'en sera-t-il sur le plan pratique pour cette mesure. Sera-t-elle strictement appliquée sur le terrain ? Réussira-t-on à avoir le résultat escompté ? A savoir freiner l'importation des pièces douteuses ? Pourquoi toutes ces questions ? Parce que tout simplement, l'expérience dans l'application des mesures annoncées en grande pompe a montré que le suivi est loin d'être assuré. Pourtant, les dommages causés par les importations douteuses sont bien là. Les pièces détachées provenant, à titre exemple, de Chine, berceau de la contrefaçon, sont à l'origine de nombreux accidents mortels de la circulation. C'est d'ailleurs l'une des raisons de l'augmentation du nombre d'accidents sur les routes algériennes. Un fait souligné à maintes reprises. Le retard accusé dans la prise d'une telle décision a, en plus d'avoir intensifié les dégâts en matière de circulation, contribué à semer l'anarchie et encouragé un marché juteux où l'on cherche souvent le gain facile sans se soucier des conséquences induites sur le consommateur et sur l'économie nationale. Une économie qui a enregistré des pertes énormes non seulement dans le marché de la pièce détachée mais aussi dans d'autres segments. Car, les tentacules des importations frauduleuses n'ont fait que s'élargir au fil des ans, particulièrement durant la décennie 90. Le marché algérien s'est retrouvé donc confronté à une situation gangrenée par la contrefaçon. Même les engrais et les médicaments n'ont pas échappé à ce phénomène ravageur. Aujourd'hui, les décisions sont là. On assiste, en effet, à une promulgation en série de dispositifs visant à protéger l'économie nationale. Mais faudrait-il veiller à une application stricte des lois. Pour cela, ils sont nombreux les acteurs à être associés à cette bataille contre la contrefaçon et, par ricochet, contre l'informel puisque le premier alimente le deuxième. Qui sont ces acteurs ? Primo, il y a les services douaniers dont le rôle est primordial. Pour filtrer les frontières, des moyens colossaux sont nécessaires. Là, la mission s'annonce lourde pour nos douaniers qui sont soumis régulièrement à des tentatives de corruption face à des conditions de travail difficiles. Secundo, il y a les contrôleurs du ministère du Commerce qui sont dans la même situation que leurs collègues douaniers. Sur un autre volet, les concessionnaires automobiles sont appelés à jouer le jeu en améliorant leur service après-vente, aussi bien en qualité qu'en quantité. Un tas de pièces est à remodeler pour atteindre les objectifs fixés. S. I.