«Aucune pièce de rechange ne sera admise en Algérie à partir du 2 novembre si elle n'est pas achetée dans son pays d'origine», a déclaré, hier à Alger, El Hachemi Djaâboub, ministre du Commerce, lors d'une rencontre avec les cadres de son secteur. Le ministre a précisé que cette mesure, visant à lutter contre l'importation des pièces de rechanges contrefaites, notamment auprès des pays asiatiques, ne concerne pas les pièces de rechanges fabriquées sous licence dans d'autres pays. Dans ce cas précis, les importateurs doivent exhiber un certificat attestant que les pièces en question ont été fabriquées sous une licence attribuée par la maison-mère. La décision du blocage, par les services de douanes, des marchandises qui ne répondront pas à ces normes, est «ferme et sans appel», selon M. Djaâboub. Cette mesure a été prise suite à l'invasion du marché algérien par des pièces de rechanges contrefaites. En fait, les pièces de rechanges automobiles, plus appelées «pièces détachées», sont en tête des produits contrefaits commercialisés sur le marché algérien, après les produits cosmétiques. Le phénomène de la contrefaçon des pièces détachées a trouvé, à la faveur de l'ouverture anarchique du marché algérien, un environnement propice à son développement. Ce marché est le deuxième, de part son importance, en Afrique, après l'Afrique du sud. Durant l'année en cours, 2009, les services de douanes ont procédé à la saisie de 1.817 pièces de rechanges automobiles contrefaites et ce, uniquement au niveau du port d'Alger. En 2008, les importations de pièces automobiles ont atteint un volume de 44.256 tonnes pour une valeur de 291 millions de dollars US. Quant aux quantités de pièces saisies pour contrefaçon, elles ont été de l'ordre de 1.316 tonnes pour une valeur de 5,7 millions de dollars en 2008. Les motifs de saisie ont été l'absence de la marque et le défaut d'étiquetage. Les spécialistes sont unanimes, ils considèrent que près de 60% de la pièce de rechange commercialisée en Algérie sont contrefaits. La contrefaçon de la pièce détachée a vu le jour dans notre pays, indiquent les spécialistes, suite à l'ouverture du commerce extérieur au secteur privé. Le phénomène a été constaté par les professionnels, les importateurs de pièces détachées de qualité et surtout d'origine, qui ont remarqué que les mêmes pièces qu'ils commercialisaient étaient vendues moins chères. Il s'agissait de fausses pièces détachées qui peuvent porter atteinte à la sécurité de leurs utilisateurs. En dehors des accessoires, certaines pièces, tels que les freins et les amortisseurs, peuvent provoquer des accidents mortels. Les études sur les causes des accidents de la circulation révèlent que 20% de ces accidents sont dus à la contrefaçon des pièces de rechange. D'autres pièces dites de friction (plaquettes de freins, disques d'embrayage, mâchoires de freins...) peuvent être cancérigènes, car certaines sont fabriquées à partir d'amiante. Il est à rappeler que 80% des pièces de rechange des véhicules sont importés de Chine, France, Italie et de Corée du Sud. Les importations auprès des pays arabes représentent 2% de ce marché et proviennent notamment de Tunisie, des Emirats Arabes Unis (EAU) et du Maroc.