Photo : Riad Par Wafia Sifouane Pour l'avant-dernier jour du 14e Salon international du livre d'Alger (SILA), jeudi dernier, le commissaire du salon, Smaïl Ameziane, a essayé de dresser un premier bilan de cet événement, qui, malgré des avancées certaines, enregistre encore des lacunes. M. Ameziane ne s'en cache d'ailleurs pas. «Cela n'est pas un bilan définitif, mais je suis là pour souligner les couacs. D'après ce qu'on a constaté, il y a le problème de l'humidité qui a atteint un taux que le prestataire n'a pu gérer au point d'abîmer les livres. Pour remédier à cela, nous nous sommes rapprochés des éditeurs pour les rembourser mais aucun d'eux n'a voulu toucher les indemnités. Le deuxième problème est l'insuffisance des sanitaires, mais cela est dû au grand nombre de visiteurs estimé à 150 000 par jour alors que nous ne nous n'attendions qu'à 30 000 visiteurs par jour», dira-t-il en ajoutant qu'avec ce nombre «le salon a battu un record mondial». S'agissant du chapiteau, le commissaire a tenu à rappeler qu'il a été construit selon les normes internationales. «Les couloirs ne sont pas étroits, c'est juste que nous avons été dépassés.» Il reviendra, également, sur le programme du salon en soulignant qu'il a écarté les imprimeurs étrangers en favorisant les véritables éditeurs. «Le peuple n'est pas illettré. Il a besoin de nouveautés. Nous avons reçu 354 exposants alors qu'on aurait pu en recevoir 700, mais j'ai été très sélectif», affirme M. Ameziane. Concernant les conférences organisées en marge de l'exposition, le commissaire a tenu à exprimer son entière satisfaction. «Seulement deux conférences sur 48 ont été annulées mais cela arrive», dira-t-il. Concernant la censure, M. Ameziane a tenu à s'innocenter en déclarant qu'il n'a pas censuré de livres. Mais après ces quelques autocritiques faites de la manière la plus réfléchie, le commissaire du salon changera de ton et se montrera quelque peu agressif lorsqu'un journaliste abordera le problème de l'achat des droits à cause de l'absence des éditeurs étrangers qui ont envoyé des représentants et des commerciaux sur leurs stands. En réponse, le commissaire ne trouvera pas mieux que de citer l'exemple des grands salons internationaux et réplique : «Au Salon international du livre de Paris, il n'y a pas d'éditeurs présents. Vous ne trouverez jamais un éditeur dans son stand.» Sur sa lancée, il flambera les journalistes en déclarant que «les journalistes algériens ne sont pas assez formés. Dites à vos patrons de presse de vous envoyer en mission aux salons étrangers pour voir». Allant jusqu'au bout de sa logique, il déclarera : «Je m'engage personnellement, en tant qu'éditeur, à prendre en charge avec moi trois journalistes pour le prochain Salon du livre étranger.» Outrés, certains journalistes quitteront la conférence de presse. Mais est-il besoin d'aller à Paris ou à Francfort pour savoir ce qu'est un manque d'organisation ? Des cartons vides empilés sous les tables et dans les coins des stands, pour ne citer que cet exemple, ne peuvent donner une belle image à un Salon du livre, qu'il se tienne à Alger, à Tunis ou à Madrid.