Le président de la Fédération algérienne de football (FAF), Mohamed Raouraoua, a annoncé mardi dernier, lors d'une réunion du bureau fédéral, la constitution d'une commission composée de deux membres du bureau, en l'occurrence Ali Fergani et Abdelhafid Tasfaout, ainsi que d'autres techniciens afin d'évaluer l'expérience de l'équipe algérienne au Mondial des moins de 17 ans au Nigeria. Le rapport de cette commission sera présenté lors de la prochaine réunion du bureau fédéral, a-t-il précisé. «Ainsi, le programme de formation et en particulier des académies sera revu en fonction de ses conclusions», a-t-on ajouté dans le communiqué sanctionnant cette réunion du BF. Raouraoua a demandé, par ailleurs, aux responsables de la sélection algérienne des moins de 17 ans de «veiller au devenir des membres de cette équipe». Cette dernière phrase renseigne sur le fait que le premier responsable de l'instance footballistique est fortement préoccupé par le devenir de ces jeunes qui ont montré, lors de ce Mondial ou bien encore en Coupe d'Afrique qui s'est déroulée au mois d'avril dernier en Algérie, de grandes capacités. Des préoccupations partagées par bon nombre d'observateurs de la chose sportive, d'autant plus que, pour l'instant, le «statut» de cette équipe, ou de ces joueurs plus précisément, n'a pas encore été établi. Tout le monde s'accorde à dire que ce collectif, malgré le fait qu'il a perdu ses trois matches lors du Mondial, respectivement face à l'Italie (1-0), l'Uruguay (2-0) et la Corée (2-0), et s'est fait éliminer par conséquent, dès le premier tour, mais a montré un bon visage que ce soit sur le plan technique ou tactique, quoique, bien sûr, il y ait des rectificatifs à faire. C'est la première fois de son histoire que l'Algérie se qualifie à la Coupe du monde des moins de 17 ans. Une qualification arrachée après avoir réussi à arriver en finale de la Coupe d'Afrique des nations qui a eu lieu au mois d'avril dernier en Algérie, lorsque les Verts s'étaient inclinés en finale face à la Gambie sur le score de trois buts à un (par la suite, il s'est avéré que cette équipe gambienne avait utilisé des joueurs ayant plus de 17 ans en falsifiant leurs documents). En plus de la bonne prestation sur le plan collectif, plusieurs joueurs de cette équipe ont réussi à briller et même taper dans l'œil de certains «recruteurs» étrangers. Absence de perspective dans les clubs du Championnat national Il faut rappeler que cette équipe nationale n'est pas une sélection de joueurs issus du Championnat national, même si, il faut le dire, à l'origine, certains joueurs ont été repérés au sein de quelques clubs. Au tout début, durant l'année 2007, il y a eu une opération de prospection qui s'est déroulée à travers tout le territoire national. Le staff technique national, à sa tête le duo Ibrir–Meddane, a donc choisi un nombre de joueurs pour former ce qui est appelé l' «Académie de la FAF». C'était la première promotion. Par la suite, il y a eu deux autres promotions, ACFAF2 et ACFAF3. Donc, cette première promotion de l'Académie de la Fédération algérienne est en regroupement permanent, au niveau du Lycée sportif national de Draria, à Alger, depuis plus de deux ans. L'équipe a pris part, durant les deux saisons précédant la Coupe d'Afrique des nations, de la même catégorie, au Championnat national des cadets en interrégion. Les sélectionnés, sous la houlette du duo Ibrir–Meddane, évoluaient face à des joueurs plus âgés qu'eux d'un an ou même de deux ans. C'est au temps de l'ancien président de la FAF, Hamid Haddadj, que l'équipe avait été lancée. Son successeur, qui en est à son second passage à la tête de cette instance, en l'occurrence Mohamed Raouraoua, a continué sur la même voie. Il vient de lancer deux autres promotions. En tout état de cause, on peut dire finalement que cette démarche a été une réussite puisque cette sélection a réussi à se qualifier au Mondial, pour la première fois dans l'histoire du football algérien. Seulement voilà : maintenant que ce Mondial est passé, il ne faudrait surtout pas «délaisser» ces jeunes. Il y a presque deux ans, l'ancien président Haddadj avait indiqué que ces joueurs seraient «affectés» aux clubs du Championnat national. Cela sachant que, sur un total de 21 joueurs composant l'équipe qui s'est déplacée au Nigeria, seuls cinq d'entre eux appartiennent à des clubs. Il s'agit des trois joueurs qui évoluent en France, à savoir Nadjib Ammari (Olympique de Marseille), Julien Lopez Baila (Montpellier HSC) et Ziri Hammar (AS Nancy), ainsi que Saïd Ferguene (JS Kabylie) et Abdelouakil Talhi (OM Ruisseau). Tous les autres, c'est-à-dire 16 joueurs, appartiennent à l'Académie de la FAF. Qu'adviendra-t-il de ceux-là ? La solution la plus probable consiste bien évidemment à les verser aux clubs du Championnat national, en d'autres termes, réaffecter chaque joueur vers le club dans lequel il évoluait avant le début du regroupement il y a près de trois ans. Et, là encore, il y a quelques joueurs qui ont été «dénichés dans la rue». Mais connaissant le peu de sérieux dans le travail de la majorité des équipes animant les championnats de divisions une et deux (dans les autres paliers c'est encore pire), il est à se demander si ces joueurs ne vont pas «perdre» tout ce qu'ils ont appris durant toute cette période. Et ce n'est pas évident de les placer, bien sûr, à l'étranger où, il faut le dire, la prise en charge des jeunes joueurs est meilleure. Que fera la FAF dans ce cas-là ? En tout cas, en demandant aux responsables de la sélection algérienne de «veiller au devenir des membres de cette équipe», Raouraoua a touché du doigt le fond du problème. La fédération aura fort à faire pour que, dans quelques années, le football algérien en général, et la sélection nationale A en particulier, puissent profiter des prouesses de Bezaz et de ses coéquipiers. Un autre défi de taille à relever par les responsables de la FAF… A. A.