Le Mondial des U17 vient à peine d'entamer les huitièmes de finale que certains des «jeunes talents» qui s'y sont illustrés sont soupçonnés d'être trop vieux pour participer à cette joute alors que d'autres joueurs sont plus jeunes qu'eux de moitié. Ils sont nombreux, en effet, ces garçons qui partent à la retraite juste après avoir évolué en catégories juniors ou espoirs. Quel gâchis pour l'Afrique ! Inscrits sous une fausse identité, il s'agit pour eux et leur club de ne pas perdre une occasion de se vendre. Tout au long de ce tournoi ou des éliminatoires, les anti-fraudeurs et le public n'ont cessé de tourner en dérision l'âge de plusieurs joueurs de certains pays participants. Certains font plus vieux que leur âge officiel. Grands de taille, de forte corpulence, barbus et avec des gabarits hors normes. En tout cas, ce n'est pas la première fois qu'une compétition de cette dimension donne lieu à de tels commentaires. Le football africain a tendance à rajeunir ses joueurs pour passer outre les limites d'âge des championnats cadets et juniors et mieux exporter ses «jeunes» talents dans les formations de renommée internationale. Au sein des clubs et au niveau de la Confédération africaine de football (CAF), on reconnaît l'existence d'usage de faux sur l'âge dans toutes les catégories (cadets, juniors, seniors…) sans pour autant accepter d'en parler, sous prétexte qu'aucune preuve ne remet en cause l'âge des fraudeurs. Caractéristique des milieux sportifs internationaux, cette tricherie est plus répandue en Afrique à cause de l'inexistence d'infrastructures sportives adéquates et de l'ignorance des populations qui n'accordent que peu d'importance à l'état civil. En Afrique subsaharienne, les enfants vont tardivement à l'école mais en revanche commencent à jouer au ballon à un âge précoce. Les clubs les détectent tardivement et usent de subterfuges pour les vendre, dont le plus indiqué est la fraude sur leur âge réel. La formule fait recette même en Amérique latine ! Des U17 âgés de 23 ans ! En Bolivie, à l'occasion des éliminatoires de la zone Am-Sud, certains joueurs de l'équipe bolivienne de football des moins de 17 ans qui disputaient les qualifications au Mondial 2009 auraient entre 22 et 23 ans, selon des propos tenus par un entraîneur bolivien rapportés lundi par la presse locale. Arturo García, président de l'association des entraîneurs de la région de Santa Cruz, affirme au journal El Deber avoir «connaissance que certains joueurs de 22 et 23 ans ont joué dans la catégorie des moins de 17 ans lors du dernier match de la sélection bolivienne pour les qualifications», au printemps dernier. «C'est une réalité lamentable que des plus vieux jouent avec des plus jeunes, cela ne bénéficie ni au joueur ni à la sélection», ajoute le technicien. Selon lui, un joueur, dont il taira le nom, aurait subi un examen de densité osseuse dans un club européen prouvant qu'il avait plus de 20 ans. Engagée dans les qualifications sud-américaines, la Bolivie n'a pas obtenu son ticket pour le Mondial au contraire de l'Argentine, du Brésil, de l'Uruguay et de la Colombie. Le Mondial 2009 des moins de 17 ans est organisé du 24 octobre au 15 novembre au Nigeria. Pour permettre à des joueurs talentueux, mais frappés par le critère de l'âge, de participer à des compétitions internationales, les clubs falsifient leur état civil. En violation des prescriptions de la FIFA, qui stipulent que «toute équipe qui aura commis une fraude sur l'identité d'un joueur sera suspendue ou sera définitivement écartée de la compétition». La demande croissante de jeunes talents, surtout de la part des clubs européens plus nantis, accroît les tentations. De même, la forte médiatisation des stars du ballon rond africain fait croire aux jeunes, dans un pays en proie au chômage, que le football est la seule issue de réussite sociale et de gloire par excellence. Les clubs veulent gagner de l'argent ainsi que les joueurs, les recruteurs, les membres des fédérations. Dès lors, tous les moyens sont bons pour y parvenir. Mais la CAF et la FIFA ne se lasseront jamais de s'insurger contre la fraude sur l'âge pratiquée par une large frange des joueurs africains. La fraude sur l'âge dans le milieu du football constitue aujourd'hui un frein au développement de ce sport. Et même si l'Afrique domine toutes les compétitions dans les petites catégories, les limites apparaissent au grand jour quand celles-ci sont confrontées aux compétitions officielles. Il faut savoir qu'en respectant l'âge réel des joueurs, certains pays d'Afrique mettront une décennie à reconstruire des équipes compétitives ; à ce moment-là, on pourra être ambitieux et avoir des prétentions pour remporter des coupes du monde et des médailles aux jeux Olympiques en catégorie seniors et pas seulement chez les jeunes. L'avertissement de FIBA-Afrique aux pays africains Considérée comme la révélation de l'Afro-basket U16 2009, la sélection de la Centrafrique a reçu le trophée du fair-play. Cette équipe a séduit par la qualité de son jeu au plan collectif et le potentiel de ses joueurs. D'ailleurs, l'entraîneur du Mali, comme d'autres techniciens et officiels, n'a pas hésité à leur exprimer sa satisfaction. «C'est une équipe d'avenir qu'il faut encourager à continuer sur cette voie». Au sein des autres équipes, il y a des joueurs de 16 ans dotés d'un grand gabarit. Ce qui n'est pas le cas des joueurs centrafricains qui sont presque des benjamins, mais ont acquis les fondamentaux du basket. «Ce sont des joueurs qui savent se placer sur un terrain, ils savent effectuer une passe quand il le faut pour marquer, et calmer une balle quand il le faut», a déclaré Alhadji Dicko. Au-delà des résultats sportifs, FIBA-Afrique (Association des fédérations africaines de basket-ball) vient de franchir une étape importante dans le développement et la promotion du basket-ball des jeunes en Afrique, lors de cette première édition de l'Afro-basket U16 2009. Surtout avec l'instauration du contrôle de l'âge des joueurs par la radiographie. Cette méthode a déjà porté ses fruits. Elle a permis d'épingler deux joueurs de l'équipe de Guinée qui ont été disqualifiés pour la suite de la compétition, mais aussi pour les prochaines compétitions de jeunes. En conséquence, la Guinée a perdu par pénalité les matches gagnés auxquels ces joueurs ont participé. Finalement, elle a été classée 9e sur neuf participants. «Nous avons constaté qu'en Afrique, lors de certaines compétitions de jeunes, il y a des gens qui trichaient en alignant des joueurs ayant un âge au-dessus de celui requis. Le secrétaire général de FIBA-Afrique a demandé à la Commission médicale de réfléchir sur la question afin de trouver une solution à cette situation. Nous avons commencé cette année, mais allons approfondir nos investigations pour voir s'il y a d'autres méthodes beaucoup plus efficaces. L'avantage de ce contrôle c'est que tous les joueurs contrôlés sont désormais identifiés au niveau de FIBA-Afrique. Il ne sera plus possible de modifier leur âge pour les prochaines compétitions de jeunes», a averti le Docteur Aboubacar Gueye, président de la commission médicale de l'Association des fédérations africaines de basket-ball. Ainsi, FIBA-Afrique lance un signal fort à tous les pays africains pour des compétitions de jeunes propres, reflétant l'âge réel des joueurs. Empreintes digitales des jeunes joueurs pour lutter contre la fraude sur l'âge La pratique étant bien connue dans le milieu sportif, beaucoup d'efforts sont faits pour l'éradiquer. En décidant d'informatiser la Fédération, l'objectif de l'instance est de combattre les fausses déclarations sur l'identité des joueurs. Pour lutter contre la fraude sur l'âge des basketteurs, l'Association des fédérations africaines de basket-ball a décidé de prendre les empreintes digitales des basketteurs qui disputent des compétitions dans les catégories jeunes. Désormais, il sera demandé aux pays participant à une phase finale d'une compétition africaine de basket-ball d'envoyer les listes de leurs joueurs au moins un mois avant la compétition. Arrivera-t-on à mettre fin à cette pratique honteuse ? Avec le Ghana, le Nigeria est le pays africain qui connaît le plus de succès dans les compétitions de jeunes, mais ces succès sont souvent entachés de fraudes sur l'âge des joueurs. Aujourd'hui, avec l'évolution de la science, on parle de l'analyse des os (croissance osseuse), de l'informatisation des fichiers. Toutefois, la seule manière efficace de lutter contre cette pratique honteuse, c'est la fiabilité de l'état civil. A. B.