De notre envoyée spéciale à Boston Amel Bouakba Where is the change ? (où est le changement ?) s'interrogent aujourd'hui les Américains pour qui c'est le désenchantement, un an après l'arrivée du premier président américain noir à la Maison-Blanche. Pour la communauté algérienne aussi. Nacim Zeghlache est algérien. Architecte de formation, il travaille comme consultant dans le domaine de l'informatique. Cela fait près de 30 ans qu'il vit aux Etats-Unis. Il y a un an, Barack Obama représentait pour lui l'espoir d'un futur meilleur. Il vouait au président américain, au parcours prodigieux, une réelle admiration. «Avec son charisme et son intelligence, Obama a su toucher et réunir un grand nombre de personnes, dont les jeunes et les immigrés», nous confie Nacim. C'est pourquoi d'ailleurs, il n'a pas hésité à mener avec ferveur, avec d'autres Algériens, une campagne au profit de Barack Obama car il voyait en lui un réel changement pour les Etats-Unis. Mais une année après l'élection du président démocrate, c'est la déception, nous dit-il. Pour lui, «Obama n'a pas été à la hauteur des promesses». C'est ce qui, d'après notre interlocuteur, explique les résultats des élections régionales. «Des résultats pas encourageants pour Obama et son parti», nous dit-il. Malgré sa popularité, Barack Obama a échoué lors de son premier test en tant que leader du parti démocrate. Ce dernier a perdu dans le New Jersey et en Virginie où deux Républicains sont élus gouverneurs. Une défaite pour Obama qui avait été plusieurs fois en campagne pour ces deux candidats au poste de gouverneur. Les électeurs indépendants (ceux qui ne sont ni démocrates ni républicains) qui avaient voté en masse pour l'élection historique d'Obama en 2008 ont voté républicain aujourd'hui [2 indépendants sur 3 ont voté républicain].» «Ainsi, explique-t-il, Bob McDonnel, un conservateur, gagne de manière décisive en Virginie (un Etat traditionnellement républicain qu'Obama avait gagné en 2008), et ce, à la surprise de tous. La Virginie retourne donc dans le camp républicain. Par ailleurs, dans le New Jersey, un Etat qui en général vote démocrate, Chris Christie, un Républicain modéré, inflige une défaite cuisante à John Corzine, le gouverneur en place, qui était affaibli à cause d'un scandale récent.» Pour notre interlocuteur, ces deux défaites ne présagent rien de bon pour Obama et sont sans doute un signe que la coalition Démocrates/indépendants qui avait propulsé Obama vers la magistrature suprême n'existe plus. C'est dire que les Démocrates ont perdu deux pièces importantes de l'échiquier politique américain. Ce qui est considéré comme un mauvais signe pour eux en ce qui concerne les «mid-term elections» à venir. Mais tout n'est pas fini, nous précise encore notre interlocuteur. Les choses pourraient changer en faveur du président démocrate d'ici les élections mi-mandat de 2010. Encore faut-il qu'il prenne en charge les dossiers sensibles liés à l'économie, l'emploi et l'amélioration de la situation en Irak et en Afghanistan, etc.).Les Républicains comptent renforcer davantage leurs positions, l'an prochain. Ainsi, en 2010 un tiers du Sénat, toute la Chambre des représentants et plus des deux tiers des gouverneurs vont être élus dans le cadre des élections de mi-mandat, décisives pour le président américain. Et les Républicains comptent sur la crise économique, le chômage et la guerre qui en Afghanistan pour améliorer leurs positions. Mercredi dernier, le premier anniversaire de l'élection historique d'un Noir à la présidence des Etats-Unis a été vécu comme une journée ordinaire pour Barack Obama. Le président démocrate promet de mettre toute son énergie à réaliser la grande promesse du changement, dans un contexte tendu de crise économique.