Photo : Riad Par Badiaa Amarni Malgré les nombreuses mesures d'incitation et d'encouragement à l'investissement en Algérie, les difficultés demeurent entières. Beaucoup d'investisseurs, notamment nationaux, y compris ceux vivant à l'étranger, tournent le dos au marché algérien dont les opportunités ne manquent pourtant pas. En effet, les lourdeurs administratives, la bureaucratie et beaucoup d'autres difficultés sont évoquées. Ahmed Kechout, ingénieur en automatisme, a préféré investir dans un pays voisin qui n'est autre que la Tunisie. Fort de ses 32 ans d'expérience dans son domaine en Allemagne où il a vécu, cet homme d'affaires, avant de frapper à la porte voisine pour mettre en place sa société «Récif Technologie», a essayé de faire d'abord profiter son pays d'origine. Mais sa bonne volonté s'est vite dissipée puisque, dit-il, son «approche avec l'Algérie est très difficile». Se montrant modeste, il explique que le problème peut provenir peut-être de lui tout en insistant qu'il y a quand même énormément de bureaucratie. «On n'arrive pas à communiquer avec l'administration par rapport à ce phénomène de la bureaucratie», affirme-t-il précisant que «la technologie et la science ne peuvent être gérés que dans un cadre sain et libre à la fois». En Algérie, ajoute-t-il, «on sent vraiment un certain muselage, tandis qu'en Tunisie «l'Etat a compris que, pour accéder au monde développé, il faut se servir des multinationales, par le biais desquelles il développe ses ressources humaines qui arrivent à gérer elles-mêmes les grandes sociétés». Non sans une pointe de regret dans la voix, cet industriel, rencontré au Salon de l'industrie qui s'est tenu récemment à la Safex, dira que l'Algérie «est un pays où l'on vend et non où l'on produit, et la plupart des investisseurs qui y viennent ne pensent pas réellement à créer des emplois mais à faire leurs affaires. Pourtant, le challenge de l'Algérie est la création de postes d'emploi, et moi je ne veux pas m'y installer pour m'enrichir sans créer des emplois». Il avoue qu'au départ il avait vraiment un pincement au cœur de ne pouvoir «faire bénéficier mon pays de mon savoir-faire mais plus maintenant en tout cas». Il faut savoir que l'entreprise «Récif Technologie» est spécialisée dans l'usinage de pièces haut de gamme et de haute précision pour divers secteurs d'activité (aéronautique, automobile, médical...) «On crée des machines, de l'outillage et on propose des solutions clés à la demande des clients, suivant des cahiers des charges établis au préalable». Récif Technologie et les pièces de haute précision Installé depuis 6 ans en Tunisie, M. Kechout ne désespère pas et tente encore de s'introduire sur le marché national par le biais d'un représentant de l'Est. Ce cas n'est pas isolé. Combien sont-ils ces Algériens, vivant dans leur pays ou ailleurs, et ces étrangers qui essayent de s'installer mais sans réussir, évoquant toujours des difficultés d'accès au foncier industriel, les crédits bancaires, aux lourdeurs administratives et bien d'autres difficultés encore. On se rappellera aussi de grands projets touristiques, dont l'Algérie a pourtant grand besoin, notamment dans le Sud algérien où les capacités d'hébergement sont vraiment en deçà des besoins. A titre illustratif, à Djanet, un investisseur, propriétaire d'un camping, voulait faire l'extension de son projet. Pour l'obtention du terrain, un dossier a été introduit auprès des autorités concernées de la wilaya d'Illizi. Vu le silence observé, l'investisseur a déposé un autre dossier. Il est toujours dans l'attente de voir se concrétiser son projet pour participer au développement touristique de l'Algérie. Le coût de l'investissement consacré est estimé à 25 milliards de centimes. De nombreuses mesures sont prises mais… L'Algérie étant un grand chantier où de nombreux projets sont lancés, dont beaucoup sont déjà opérationnels et d'autres en cours de réalisation, l'Etat n'a ménagé, pourtant, aucun effort pour lever toutes les contraintes liées à l'investissement et qui, souvent, découragent de nombreux investisseurs, aussi bien algériens qu'étrangers. En effet, des mesures sont prises afin de permettre aux hommes d'affaires et opérateurs économiques de mettre en place leurs projets. Des facilitations pour l'acquisition du foncier industriel sont introduites en plus des facilitations au niveau bancaire et fiscal. A titre d'exemple, les personnes désireuses d'investir dans le domaine touristique peuvent souffler et se lancer, car la loi de finances complémentaire 2009 a prévu pour eux l'exonération de la taxe sur l'activité professionnelle (TAP) du montant réalisé en devises dans les activités touristiques, hôtelières, thermales, de restauration classée et de voyagistes. Il s'agit également, pour une période de 10 années, de bénéficier de la réduction de la TVA (7% au lieu de 17%) pour les prestations liées à ces mêmes activités ainsi que de la location de véhicules de transport touristique. A cela s'ajoutent le bénéfice de l'exemption des droits d'enregistrement au titre de la constitution de sociétés à vocation touristique ainsi qu'aux augmentations de capital, de même que l'extension de l'éligibilité aux avantages prévus en faveur de l'investissement et au profit des investissements liés aux activités touristiques et hôtelières classées. Il y a aussi la bonification des taux d'intérêt des crédits bancaires consentis dans les investissements et projets touristiques et des actions de modernisation des établissements touristiques et hôteliers. Malgré toutes les contraintes, beaucoup d'investissements sont réalisés. Reste à assainir davantage l'environnement des affaires et à mettre en place des garde- fous pour que les mesures introduites par le gouvernement soient efficaces sur le terrain. Faut-il rappeler que l'ANDI, (Agence nationale de développement des investissements), a enregistré en 2008 pas moins de 16 925 projets d'une valeur financière de l'ordre de 2 402 milliards de dinars. Une hausse de l'ordre de 158%, comparativement à l'année d'avant où le volume d'investissement était de l'ordre de 932,10 milliards de DA totalisant 11 497 projets a été constatée. Les projets d'investissement en partenariat avec des entreprises algériennes et étrangères sont au nombre de 37 pour une valeur financière estimée à 372,602 milliards de DA contre 94,304 milliards de DA au cours de l'année 2007, soit une hausse de 295%. Les investissements directs étrangers (IDE) qu'enregistre l'ANDI représentent un montant de 525 milliards de DA en 2008 contre 51,45 milliards de DA en 2007, en hausse de 920%, selon les données provisoires. Le directeur général de l'ANDI a fait remarquer qu'en termes de nombre de projets, les IDE «ont connu une évolution négative de 7% en passant de 70 projets en 2007 à 65 projets en 2008». Reste à espérer qu'en 2009 le nombre de projets, notamment étrangers, sont en augmentation.