Photo : Riad Par Badiaa Amarni L'Algérie dispose d'importantes ressources halieutiques mais malheureusement les consommateurs n'en profitent pas à cause des prix pratiqués par les poissonniers. La biomasse est fixée à 600 000 tonnes par an, mais les quantités de pêche autorisées ne dépassent pas les 200 000 tonnes, soit seulement le 1/3, dont 190 000 tonnes de poisson bleu et 30 000 de poisson blanc, et à une quantité beaucoup moindre de crustacés qui n'arrive pas à satisfaire la demande nationale. Les responsables en charge de ce secteur, et au vu de leur difficulté à répondre à la demande, ont vu en l'aquaculture le moyen idéal de pallier cette insuffisance. Cette filière est en train de se développer en Algérie grâce aux efforts consentis. Plusieurs projets privés et publics sont d'ailleurs menés sur l'ensemble du territoire national, y compris dans les Hauts Plateaux et le Sud. Certains sont en phase opérationnelle comme c'est le cas pour celui d'Azzefoun, dans la wilaya de Tizi Ouzou, qui prend en charge la production de la dorade et du loup de mer, d'une capacité globale de production annuelle de 1 250 tonnes. 524 projets déjà réceptionnés dans le domaine de l'aquaculture D'autres fermes aquacoles, à l'exemple de la ferme pilote produisant des moules et des huîtres à Bou Ismaïl (Tipasa) dans le cadre d'une coopération avec les Espagnols, bientôt réceptionnée. Ajoutez à tous ces projets la ferme de Skikda pour l'élevage de la crevette royale en coopération avec les Sud-Coréens. Le taux de réalisation de ce projet tant attendu est de 50%. Ces fermes serviront également à la formation de jeunes et au développement de la recherche scientifique. Bien d'autres projets sont sur le point d'être menés dans d'autres wilayas, entre autres à Béjaïa, Aïn Témouchent… bientôt opérationnels.Le bilan avancé par le département de M. Smaïl Mimoune fait état d'un total de 582 projets dans le domaine de l'aquaculture inscrits dans le cadre des programmes de développement 2000-2005 et 2005-2009 avec des financements triangulaires. Parmi eux, 524 ont été déjà réceptionnés et 54 sont en cours de réalisation. Bien évidemment, ces projets sont soutenus et accompagnés par l'Etat. Parmi les investissements publics, on relèvera la réalisation d'une étude de salubrité des eaux d'élevage aquacole le long du littoral national. D'autres projets ont été aussi menés dans le cadre de l'ANSEJ, de l'ANGEM et de la CNAC et se sont avérés d'une grande réussite. D'ailleurs, des contacts sont pris avec ces organismes pour encourager davantage la création d'activités aquacoles dans le cadre du prochain programme quinquennal. Des projets dont l'enveloppe financière ne devrait pas dépasser 1 milliard de centimes. L'aquaculture dans le sud du pays est aussi prise en charge. Des études scientifiques ont été réalisées pour déterminer les sites susceptibles d'accueillir ces projets, notamment à Ouargla où la production a été déjà entamée. Idem pour la wilaya de Ghardaïa. 45 000 nouveaux emplois créés La généralisation de cette technique dans le sud de l'Algérie permettra de diversifier la production et de compléter les richesses pêchées en mer Méditerranée. Bien évidemment, d'autres activités en parallèle de cet élevage ont été créées. Il s'agit de la transformation du poisson d'eau douce, particulièrement à Ouargla, où une unité commercialise déjà ces produits sur le marché. Grâce aux nombreux projets mis en place, y compris ceux relatifs à la réparation navale ou à l'acquisition de petits bateaux de pêche, le secteur a permis la création de pas moins de 45 000 nouveaux emplois, selon les responsables à charge du secteur. L'enveloppe financière allouée par le programme quinquennal 2009-2014 pour le secteur de la pêche est de 9,7 milliards de DA. Elle servira à renforcer ses différents domaines d'activité et à améliorer son rendement et ce, à travers la mise en place, notamment, de programmes performants de formation. Un volet prioritaire sur lequel repose la politique de développement du secteur dans un souci majeur, celui de former ses personnels dont beaucoup manquent de professionnalisme, ce qui va à l'encontre des objectifs tracés par le gouvernement. La réorganisation des centres de formation a été l'un des premiers soucis des autorités en charge de cette activité, de même que la création de nouvelles filières. Les ateliers, de même que les laboratoires, ont été également équipés en matériel électronique. De l'année 2000 à 2009 pas moins de 20 000 professionnels ont été formés, toutes catégories confondues, à commencer par les mécaniciens jusqu'aux capitaines de pêche. L'enveloppe financière mobilisée pour rendre cette opération possible est évaluée à 385 millions de dinars. Des classes spéciales de recyclage pour les marins sont organisées. En plus de leur longue expérience sur le terrain, il était devenu nécessaire pour ces marins de suivre des cours théoriques pour être au diapason de la technologie et de ce qui se fait de par le monde. Bien évidemment, leur expérience sert aussi les nouveaux stagiaires qui se frayeront un chemin dans ce métier et qui seront les relais de demain. Toujours dans le cadre de la carte de la formation, il sera bientôt procédé à la réalisation d'un centre de sécurité maritime et de protection des pêcheurs. L'adoption du projet s'est faite en février dernier. Des cours de sécurité des personnes et des bateaux seront même intégrés dans le cursus de formation, pour réduire les risques qu'encourent les marins. Le secteur de l'aquaculture en Algérie est prometteur. De plus en plus d'investisseurs s'y intéressent et voient en cette filière un métier d'avenir. Ces investissements permettront-ils de rendre le prix du poisson accessible, notamment aux populations des régions des hauts plateaux et du sud du pays ? La réponse est en principe oui. Mais quand on sait que la spéculation fait la loi dans le marché national, davantage d'efforts doivent être consentis par les services de contrôle pour éviter ce genre de pratiques qui saignent à blanc les consommateurs algériens.