Photo : S. Zoheir De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahamani Dans les années 1990, la démographie des associations avait connu un boom tel que, dans chaque cité ou quartier de la ville d'Annaba et dans toutes les communes que compte la wilaya, des centaines de ces entités sociales avaient vu le jour et avaient commencé à prendre en charge les problèmes des citoyens avec pour objectif l'amélioration du cadre de vie dans lequel évoluent les habitants. Au départ, ces associations s'étaient dévouées pour la communauté et activaient sur le terrain pour essayer de changer les choses tout en se rapprochant des responsables locaux qui, en général, répondaient favorablement à leurs doléances. Cela avait duré quelque temps et la situation allait s'améliorant jusqu'à ce que ces associations devenues très influentes fussent récupérées par les partis politiques qui en firent leurs satellites afin de faire pression sur le pouvoir local. Toutes les associations caritatives avaient basculé dans le camp islamiste et même celles culturelles et professionnelles n'avaient pas échappé à l'influence religieuse qui avait dominé le paysage associatif. Les citoyens manipulés par les uns et les autres servaient des intérêts autres que les leurs et se retrouvaient, souvent, dans la même situation -sinon pire- après avoir activé et milité dans les rangs de ces associations censées les défendre auprès des autorités locales.Les années 2000 apportèrent avec elles le désenchantement et la décantation et les citoyens plus lucides et forts des expériences précédentes «ne se laissaient plus mener par le bout du nez». La plupart des associations procédèrent à leur autodissolution ou se sont dissoutes de fait parce que leurs membres avaient découvert à leurs dépens l'imposture. On s'est donc retrouvé avec des associations qui existaient uniquement sur le papier, des associations avec un président sans membres et des associations qui n'avaient aucune forme d'influence dans leurs quartiers. Aujourd'hui, le nombre des associations est passé de 1 046 à 765 ; 271 ont été dissoutes par voie de justice pour non-respect de la réglementation portant sur la tenue d'assemblées générales, non-renouvellement du bureau de l'association ou non-présentation du rapport financier et moral. Cependant, il faut reconnaître que certaines associations font un travail admirable et sont très proches des citoyens qu'elles soutiennent et défendent auprès des élus locaux et des autorités en diverses occasions. Certaines sont versées dans la protection de l'environnement, à l'exemple de l'ANPEP qui intervient à chaque fois pour dénoncer des dépassements constatés au niveau des centaines d'entreprises implantées dans les zones industrielles. Déchets dangereux, dépotoirs sauvages, coupes illégales, destruction d'espaces verts, pollution de l'air par l'émission de gaz toxiques et autres risques sont dénoncés. Cette association organise des journées de sensibilisation sur l'environnement et apprend aux enfants à respecter le milieu dans lequel ils vivent. Ses membres entreprennent chaque année des opérations de reboisement aux alentours des usines et des volontaires vont jusqu'à planter des arbres dans les différentes cités de la ville pour améliorer la qualité de l'air altéré par une pollution qui atteint des pics pendant les 3 mois de l'été. Une autre association, l'AFAD, tenue celle-là par la gente féminine, active dans le domaine de la promotion et de la défense des droits des femmes tout en entreprenant des actions sociales ciblant le sexe faible. Cette association a été à l'origine de la réalisation et de la concrétisation de «Dar el insania», une structure qui s'occupe des femmes abandonnées, répudiées ou rejetées par leurs époux. Elles y trouvent toute l'aide et l'assistance nécessaires en attendant de trouver une solution définitive à leurs problèmes. Les membres très actives de cette association se déplacent dans les quartiers et même dans les douars pour discuter avec les femmes au foyer des problèmes que celles-ci rencontrent dans l'éducation des enfants ou ceux ayant trait à la conduite à tenir en cas de maladie de leurs bébés. Ces femmes parlent sans tabous des maladies vénériennes et de la façon de les éviter, de l'espacement des naissances et de son impact positif sur la santé de la mère et de l'enfant ainsi que sur la gestion du budget familial. L'AFAD qui est le partenaire de l'UNHCR a investi aussi le domaine de l'enseignement en organisant des stages de formation avec le soutien de cette institution dépendant des Nations unies. Ainsi en 2008, cette association a regroupé des directeurs, des inspecteurs et des enseignants sahraouis pour les former aux nouvelles techniques d'apprentissage avec la collaboration de spécialistes algériens en pédagogie. D'autres associations activent de manière ponctuelle à l'occasion de fêtes religieuses, de la rentrée scolaire ou en été pour aider les couches démunies à affronter ces «échéances» annuelles devenues difficiles à supporter pour la plupart des Algériens. Des associations d'occasion qui n'apparaissent que lors des fêtes nationales pour commémorer telle ou telle date historique, il y en a treize à la douzaine. Elles se mettent en avant et font dans l'ostentation pour attirer l'attention sur elles mais cela ne trompe plus personne. D'autres ne se manifestent qu'à l'occasion de l'attribution des subventions pour «réclamer leur dû» à la wilaya et, souvent, elles rentrent bredouilles parce que l'Assemblée populaire de wilaya ne leur reconnaît plus cette qualité. A titre d'exemple, la wilaya a accordé 19 500 000 DA de subventions aux associations activant dans différents domaines (religieux, sportif, culturel, social et autres) mais cela s'avère insuffisant au vu du nombre de celles-ci et des besoins de ces entités, surtout celles qui activent et qui font un travail fort appréciable au niveau des cités populaires. Les rencontres des élus et du chef de l'exécutif avec le mouvement associatif de la wilaya ont facilité la communication et donné lieu à un dialogue et à une compréhension mutuelle qui a pu à plusieurs reprises éviter le recours aux manifestations violentes qui secouent sporadiquement les quartiers dits chauds. Certaines des préoccupations des citoyens, entre autres, l'éclairage public, l'aménagement, la voirie, le ramassage des ordures ménagères ont été prises en charge. Reste l'épineux problème du logement -un écueil sur lequel sont venues s'écraser toutes les explications fournies par les uns et les autres- qui est l'un des plus difficiles à régler au vu du nombre vertigineux des demandeurs et du faible taux de réalisation.