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Des architectes plaident pour une architecture durable
Les constructions anarchiques foisonnent à Tlemcen à cause du laisser-aller
Publié dans La Tribune le 24 - 03 - 2010


Photo : S. Zoheir
De notre correspondante à Tlemen
Amira Bensabeur
Tlemcen a connu une forte croissance démographique et urbaine durant ces deux dernières décennies, ce qui a transformé l'ensemble du territoire de la wilaya dans sa structure spatiale et son armature urbaine.De nouvelles villes ont émergé, des centres ruraux se sont transformés en espaces qui traduisent une urbanisation effrénée et anarchique ayant atteint son paroxysme. L'exode forcé et le manque de contrôle ont encouragé l'urbanisation anarchique à travers l'ensemble des villes de Tlemcen, notamment les chefs-lieux de daïra et commune.
Même les terres agricoles sont consommées chaque année par l'urbanisation qui ne répond à aucune norme.Il est à noter que, ces derniers temps, la planification et la gestion urbaine au niveau de Tlemcen ont montré leurs limites dans la maîtrise de l'espace urbain et la résorption de la crise du logement. Des centaines de logements sont en cours de construction mais avancent à pas mesurés faute de disponibilité de matériaux de construction, vu notamment la cherté du ciment qui a dépassé le prix de 600 DA ou plus le sac. Le développement urbain galopant et
anarchique à travers la majorité des villes et grandes agglomérations de la wilaya de Tlemcen a engendré une dégradation de l'environnement par les différents rejets dans le milieu naturel. A Tlemcen, bon nombre de citoyens construisent sans documents, notamment le permis de construire, d'autres habitations demeurent encore à l'état de carcasses à cause de la flambée des prix du ciment et des agrégats, ce qui donne une image désolante de la ville et de la région.Pourtant, comme l'expliquent des architectes, une société se définit à travers sa construction, au sens large du terme. L'architecture doit concilier, plus que jamais, les aspirations des individus et les contraintes collectives dans une pratique qui prend également en compte l'intérêt des générations futures. Au XXIe siècle, la construction ne peut plus ignorer, tout à la fois, les limites physiques de la planète, les exigences sociales des populations urbaines croissantes, leurs attentes en matière de sécurité et de confort, le rôle du bâti dans la culture, les fortes contraintes de l'environnement et de l'économie.L'architecture est, certes, un art d'intégration des contraintes en même temps qu'une technique pour s'en affranchir. Le développement durable vient rajouter une problématique majeure, celle de trouver le meilleur compromis, dans un lieu donné, à un moment donné, pour concilier les impératifs de précaution et de protection environnementale, d'optimisation des besoins sociaux, de confort, d'accessibilité et d'intégration collective, avec les constantes d'une bonne allocation des ressources. Pour bien maîtriser la situation, les techniques et méthodes de construction doivent être aux normes si l'on veut bâtir de façon plus écologique, plus économique, en considérant le cycle de vie complet d'un bâti et si on veut laisser aux générations futures des ouvrages respectueux de leur santé, de leurs deniers, de leurs nouveaux rêves. L'architecte doit retrouver la liberté de concevoir, de proposer, de décider en faveur d'ouvrages durables, au regard des préoccupations qu'il connaît bien, qu'elles soient d'intérêt physique, esthétique ou sociétal dans toutes les acceptions larges, telles que les ressentent leurs utilisateurs et pas seulement leurs commanditaires ou leurs exécutants. Les architectes savent que les contraintes du marché et leurs logiques peuvent être antagonistes de l'idée même du développement durable et il leur revient de le souligner et de l'affronter. Le durable est pour eux une façon de demander d'autres équilibres, de faire apparaître des correctifs face aux appréciations à court terme.Aujourd'hui, malgré les décisions du gouvernement algérien qui visent à «maquiller» les façades, les Tlemcéniens ne sont pas prèts d'agir faute de moyens financiers, ne pouvant même pas s'acquitter du prix d'un sac de ciment ou d'un mètre cube d'agrégats. Le ravalement des façades tarde à venir et les grandes agglomérations ont toujours ce visage défiguré.


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