Photo : Riad De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali Si lors de son déplacement à Oran, le 19 mars dernier, le candidat Bouteflika n'a pas prononcé de discours -seuls un bain de foule et une soirée de musique andalouse étaient au programme- les Oranais qui s'intéressent à l'élection présidentielle n'ignorent presque rien des engagements que Bouteflika a pris lors de cette campagne électorale, qui vont dans le prolongement du travail effectué depuis sa première élection en 1999. «Lorsqu'il sera élu, prévoit l'Oranais lambda, il continuera probablement sur sa lancée : réconciliation nationale, construction de logements, création d'emplois, réalisation d'infrastructures de développement… Espérons juste qu'il réussira à réconcilier les jeunes avec leur pays : ils vont à la dérive depuis trop longtemps, sans perspectives, sans projets d'avenir, avec le seul espoir de s'installer à l'étranger !» Le 24 février dernier, le président de la République avait profité de sa visite de travail pour participer à la célébration du 38ème anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures et prononcer un discours dans lequel il avait pris un certain nombre d'engagements, dont la revalorisation du SNMG, la mise à niveau des entreprises viables, la création d'instances d'assistance et de conseil aux porteurs de projets d'investissement, la création de la filière bancaire pour financer le capital investissement, la poursuite du développement national, l'instauration de bonifications sur le coût du crédit bancaire pour l'accès au logement, la réduction du coût du logement promotionnel… «Après avoir misé sur la quantité lors des deux précédents mandats, le président de la République privilégiera la qualité pour la troisième mandature», avait assuré Mourad Medelci en faisant l'éloge du candidat Bouteflika. Prétendre que ces engagements ne sont pas appréciés des Oranais serait mentir, Bouteflika ayant de tout temps eu une place particulière dans le cœur des populations de l'ouest du pays. Cependant, des craintes sur la réalisation des promesses fusent ici et là, les dernières années ayant été particulièrement difficiles pour des citoyens au pouvoir d'achat très érodé. «Le prix de la pomme de terre a atteint 80 DA, ce début avril. Qu'est-ce qui prouve que le Président qui sera élu -quel qu'il soit- parviendra à infléchir les prix alors que le gouvernement n'y arrive pas depuis bientôt deux années ? Qu'est-ce qui nous assure que des solutions seront trouvées pour offrir aux jeunes des conditions de vie décentes, que les logements seront affectés équitablement et que l'affaire Haï Yasmine ne se rééditera pas, que les richesses seront redistribuées équitablement… ?» se demandent les citoyens dont la confiance envers la politique et les politiciens est loin d'être rétablie. Une chose est certaine, malgré ces déceptions, les craintes et les appréhensions, la majorité des Oranais impliqués dans le processus électoral demeurent fidèles à Bouteflika : «C'est tout de même lui qui dirige le pays depuis 1999 et, qu'on le veuille ou non, il est parvenu à certains accomplissements. Ce qui n'est déjà pas si mal, même si nous sommes encore loin du compte et qu'il reste encore beaucoup à faire.» Pour ces Oranais prudents, il est préférable de conserver un Président dont on est sûr qu'il va poursuivre le programme entamé il y a dix années que de se «risquer à choisir un autre candidat qui pourrait remettre en question l'élan et nous ramener en arrière. D'ailleurs, aucun des autres candidats n'a les aptitudes de Bouteflika ni ne dispose de ses réseaux dans le monde», justifient-ils encore. C'est donc avec un mélange de crainte et de confiance en l'avenir que les Oranais ont accueilli les engagements de Bouteflika et qu'ils aborderont le scrutin du 9 avril : «Si Bouteflika est élu et qu'il honore ses engagements, cela voudra simplement dire que l'Algérie et les Algériens seront enfin sortis de l'ornière.»