«Un peuple ne peut en aucun cas être culpabilisé», affirme un ethno-sociologue qui explique que toute masse populaire a besoin d'un leader, d'un meneur, d'un chef pour l'organiser et la diriger. C'est l'axiome d'une organisation sociale, avec ses stratifications qui constitueront les différentes «tutelles» censées se répartir les responsabilités pour prendre en charge la structuration et la distribution des rôles entre les différents acteurs sociaux au sein de la société. Dans cet organigramme, un rôle, important, est dévolu aux associations et comités de quartier. L'Etat, première tutelle, leur délègue la responsabilité d'encadrer la société et, si nécessaire, de s'en faire le porte-parole. Ces entités devraient être en fait la courroie de transmission entre les pouvoirs publics et les citoyens. C'est d'ailleurs ce qui est prévu par la loi régissant les associations en Algérie. Et c'est ce que se promettaient de faire les milliers d'associations qui sont nées dès la promulgation de cette loi, dans le sillage de l'ouverture démocratique après les manifestations populaires d'octobre 1988. Mais les pouvoirs publics et les partis politiques ne tarderont pas à lorgner du côté de ce mouvement associatif en lequel ils voient un instrument d'embrigadement qui leur permettrait d'étendre leur pouvoir et leur influence. Dès lors, une machine administrative se met en branle. Pour avoir un local, des subventions et les autorisations nécessaires pour l'organisation d'un quelconque événement, il faut montrer patte blanche. Pour faire partie de l'association, il faut adhérer à l'idéologie du parti. Intéressées, de nombreuses associations tourneront le dos à leurs missions pour devenir des démembrements de l'administration et de formations politiques. Quant aux rares associations qui veulent toujours activer dans le domaine pour lequel elles ont été créées et la mission qu'elles entendent assumer, elles devront faire leur deuil de toute aide. L'administration leur coupe les vivres ou les leur distribuera au compte-gouttes. Le constat a été fait par les pouvoirs publics, et une volonté de mettre bon ordre dans le mouvement associatif est affichée. Mais rien ne vient pour le moment et la société est livrée à tous les apprentis sorciers et les manipulations. H. G.