Photo : M. Hacène De notre correspondant à Bouira Nacer Haniche à la veille de la rencontre entre l'Egypte et l'Algérie, la fièvre de la victoire et la liesse populaire se sont emparées des esprits des jeunes à Bouira. Plusieurs quartiers sont décorés depuis près d'une semaine avec des drapeaux et sont animés par de la musique diffusée à hauts décibels jusqu'aux dernières heures de la nuit. Au rythme de ces chansons et musiques, des dizaines de jeunes et d'adolescents se défoulent et dansent avec l'espoir de voir l'EN faire une bonne prestation, aujourd'hui au Caire, et accéder au mondial 2010. En fait, ces jeunes, qui ont réussi à marquer par leur présence cette animation non stop, à travers le chef-lieu de wilaya et plusieurs villes de la région, sont issus de différents milieux. Leur présence est quasi quotidienne, du fait que les établissements scolaires sont presque paralysés ces jours -ci par la grève suivie par les enseignants. Alors, la récréation prend le pas sur les cours. «Pas de cours aujourd'hui, et place à la musique et au défoulement», nous lance un jeune de 14 ans qui porte un chapeau bariolé aux couleurs nationales. En réalité, la qualification du onze national est restée, ces jours-ci, et reste le sujet de discussion par excellence des Bouiris. Nous avons constaté que les problèmes et questions d'actualité que vit le pays, sont presque passés inaperçus. Au même moment, la circonstance a été saisie par certains jeunes pour faire quelques bénéfices en écoulant différents modèles et formes de l'emblème national, des posters de l'équipe, des bracelets de coton et des cache-nez, ainsi que des CD contenant les derniers albums de chanteurs qui ont chanté à la gloire des guerriers de Saadane. Alors que ces derniers ont trouvé des difficultés pour se procurer des grands drapeaux, du fait que l'APC n'en possède pas, le génie juvénile a fait son apparition. Des jeunes ont sillonné les quartiers de la ville de Bouira, faisant des quêtes auprès des commerçants pour l'achat de coupons de tissu afin de fabriquer des drapeaux gigantesques qu'ils ont accrochés, par la suite, aux immeubles. Au même moment, plusieurs véhicules décorés sillonnent les rues et font enfler l'ambiance festive. De leur côté, les services de la DJS ont prévu plusieurs places pour la projection du match sur des écrans géants. L'engouement et la passion suscités par la rencontre de l'EN avec l'Egypte est la conséquence du parcours réalisé par les Verts lors des matches écoulés pour la qualification. Son impact a dépassé les fans du football et les supporters pour «contaminer» tous les Algériens et les Algériennes. Ces derniers attendent cette journée et l'heure H, impatiemment, tout en rêvant d'un bon score en faveur de l'équipe nationale contre les Pharaons. Les jeunes et les adultes de toutes catégories d'âge, qui se sont transformés pour la circonstance en de vrais analystes de la balle ronde, soutiennent que l'enjeu de cette rencontre est de taille. Un match nul ou une défaite de moins de deux buts permettrait à l'Algérie d'assurer sa présence lors de la plus grande manifestation footballistique du monde, organisée pour la première fois sur le continent africain. Que ce soit dans les cafés, dans les lieux de travail, les écoles, et même dans les foyers, chacun y va de sa propre analyse pour déterminer les chances de qualification de l'équipe nationale et pronostiquer sur le score final face à l'Egypte. Alors que certains pensent qu'une victoire de l'EN sur l'Egypte est similaire à «une revanche sur la campagne médiatique insidieuse» qui a été dirigée contre l'Algérie et son équipe, d'autres affirment qu'«il est temps pour nous de mettre fin à 24 ans de disette et d'absence sur la scène footballistique internationale». Ainsi la fête est déjà lancée à Bouira. Les jeunes, vêtus de maillots des joueurs de l'équipe nationale tels que Ziani, Ghezzal et Bougherra et autres, jurent d'envahir les rues en cas de qualification de l'Algérie à la Coupe du monde.