De notre correspondant à Béjaïa Kamel Amghar Le peuple algérien dans son intégralité est aujourd'hui vivement mécontent des misères insupportables infligées à son équipe nationale de football en terre égyptienne. Les actes barbares commis contre les membres de la sélection, les journalistes, et les supporters des Verts ont, en effet, profondément choqué tous les Algériens. Le monde entier, qui a suivi en direct des bribes de cette effroyable chasse à l'homme, est également attristé par tant de haine et de méchanceté gratuites. Cette équipe des Pharaons, qu'on a récemment reçue avec des fleurs dans la ville des Roses, a étrangement recouru aux procédés primitifs les plus vils pour retarder de trois jours l'incontournable qualification des Fennecs au Mondial sud-africain. Ce qui est révoltant par-dessus tout, c'est la passivité et la complaisance des autorités égyptiennes qui ont laissé faire des bandes de voyous et de vauriens. Les services de sécurité, les responsables de ce pays soi-disant «frère», du plus bas échelon au sommet de la pyramide, sont indiscutablement coupables dans cette sale affaire. Un précédent extrêmement grave qui ne sera pas oublié de sitôt. Même si certains responsables algériens tentent de minimiser l'ampleur du préjudice physique et moral subi afin de calmer les esprits, le grand public algérien s'en souviendra pour longtemps. Tous les témoignages recueillis au lendemain de cette terrible confrontation du Cairo Stadium sont unanimes sur ce point : les millions de supporters, qui accompagnent de très près le parcours exceptionnel des poulains de Rabah Saadane, sont légitimement outrés par l'attitude complice et condamnable du régime autocratique du président Hosni Moubarak. Le résultat technique du match, si capital soit-il, ne justifie en rien tant d'animosité et de malveillance. Cela devrait obéir à d'autres considérations dont seule la présidence égyptienne détient le secret. S'agissant de la rencontre proprement dite, les inconditionnels des Verts, par millions, ont vécu toutes ces péripéties en direct à la télévision. Même s'ils sont quelque peu dépités par l'issue frustrante du match, les innombrables fans de l'EN restent très confiants et s'attendent à une franche victoire au match barrage qui se tiendra mercredi prochain à Khartoum, la capitale soudanaise. Le second but égyptien, inscrit à l'ultime minute d'un temps additionnel exagérément long, a refroidi l'ambiance de fête qui accompagnait le déroulement du match. «Cela nous a causé, il est vrai, une grande déception. Etant donné l'environnement hostile et menaçant dans lequel a évolué notre équipe depuis son arrivée au Caire, il convient de reconnaître cependant que nos représentants ont livré un très bon match», témoigne Mamou, un supporter invétéré de la JSM Béjaïa. Badis, un inconditionnel du MOB, l'autre club phare de la Soummam, reprend à son tour la même argumentation en soulignant au passage que «la défense à outrance adoptée par le staff technique a aussi entravé notre sélection qui a une vocation offensive bien prononcée», ajoute-t-il. Redoublant leur soutien indéfectible à l'EN, les férus d'«El Khadra» se promettent de se rendre massivement au Soudan pour encourager les Ziani, Megheni, Saïfi et compagnie à bien négocier le dernier virage qui les sépare de l'Afrique du Sud. Les facilités annoncées en haut lieu concernant le déplacement et l'acquisition du ticket d'accès à l'arène d'El Merikh en ont enchanté plus d'un. Dans les wilaya voisines de Sétif, Jijel et Bordj Bou Arréridj, ils sont des milliers à préparer leurs bagages, dans la joie et la bonne humeur, pour gagner sans délai la capitale soudanaise. Les nombreux supporters de l'ESS, qui connaissent bien ce stade pour y avoir accompagné leur club dans un passé récent, s'apprêtent à refaire le safari pour prêter main-forte à la première équipe d'Algérie. De toutes les wilayas de la région centre-est du pays, les mêmes échos nous parviennent à travers les radios locales qui accordent à ce sujet une place de choix dans leurs éditions d'information. Elles ne jurent que par la victoire et la qualification. La fête s'annonce grandiose pour mercredi soir. A Khartoum, comme à Alger et dans toutes les villes d'Algérie, mais aussi à travers des métropoles mondiales, les défilés se promettent d'être hauts en couleur. La meilleure réponse aux basses besognes des voyous du Caire sera donnée mercredi sur le terrain d'El Merikh, avec l'art et la manière. C'est le vœu partagé de 35 millions d'Algériens, épris de liberté et d'humanisme.