Photo : S. Zoheïr Par Smaïl Boughazi L'égypte aura certainement occulté, oublié et même ignoré un des principes chers aux politiques, «la raison d'Etat». Les responsables égyptiens semblent avoir perdu la tête après leur défaite à la suite du match barrage Algérie-Egypte au Soudan. Et pourtant. Il faut bien saisir la teneur des messages ô combien lourds de la diplomatie égyptienne, laquelle a usé de tous les moyens pour influencer des masses populaires en quête d'une victoire qui pourrait anesthésier leur souffrances quotidiennes. Cette désorientation politique a pris l'allure d'une guerre médiatique et diplomatique dont les retombées pour les Egyptiens restent inconnues. Eux qui brandissent la carte de la fraternité et un monde arabe uni à chaque occasion qui se présente. Le pays des Pharaons a, certes, oublié les chiffres qui peuvent réjouir l'économie égyptienne, laquelle se base particulièrement sur les recettes d'une industrie de cinéma et le tourisme qui a besoin, énormément, d'une image flamboyante, pas celle qu'on nous offre aujourd'hui. L'Algérie a en fait privilégié les investissements arabes et à leur tête ceux égyptiens, classés, actuellement en première position chez nous. Alors que la conjoncture actuelle incite beaucoup plus à la retenue, les responsables égyptiens -censés être prudents- n'ont pas hésité un seul instant à lancer des «fléchettes diplomatiques» à l'endroit d'un pays qui leur a ouvert grandes les portes pour investir. Quoi de plus convaincant que les chiffres qui défient toute preuve pour dire que le pays des Pyramides a eu la grosse part du gâteau, notamment dans une période charnière pour l'Algérie qui a lancé d'innombrables projets et dans divers secteurs. Depuis 2001, il faut bien le rappeler, l'Egypte a pu investir 243 milliards de dinars dans l'économie algérienne. Un chiffre incontestable qui, au-delà de son poids économique, est le reflet de la confiance accordée aux Egyptiens, qui ont trouvé en Algérie un pays accueillant. Les Egyptiens auraient pourtant pu orienter leur boussole ailleurs, mais les privilèges alléchants offerts par l'Algérie sont beaucoup plus rentables. Et c'est ainsi qu'on verra depuis le début des années 2000 une pléiade d'investissements arriver ou plutôt envahir ce pays qui ouvre les bras à tout le monde. Pour ne pas fermer les yeux sur ces investissements que veut anéantir l'imprévoyance de la diplomatie égyptienne, rappelons ce qui a été fait. Les investissements égyptiens sont présents dans plusieurs domaines. Ils totalisent un montant avoisinant les 3,5 milliards de dollars. Ils concernent surtout les secteurs de l'industrie (19 projets), de la construction et l'immobilier (4), des télécommunications (2), de l'agriculture, des transports et du tourisme avec un projet chacun. En termes de coûts, il s'agit de 98 milliards de dinars pour les télécommunications (Orascom Telecom Algérie), 32,5 milliards de dinars pour la reprise de la cimenterie de Hammam Dalaa (wilaya de M'sila), 38,1 milliards de dinars pour les deux lignes de fabrication de ciment blanc et gris à Mascara et 74 milliards de dinars dans la téléphonie fixe Lacom (partenariat entre Orascom et Egypt Telecom). L'Algérie est aussi présente en Egypte à travers 12 projets pour un montant global de 28,4 milliards de livres égyptiennes dans les secteurs de l'industrie (33%) des services (25%), de la construction (17%), du tourisme, de l'agriculture et des finances (8% chacun). Quant aux échanges commerciaux entre les deux pays, ils se situent au-dessus de 700 millions de dollars, dont 600 millions de dollars pour les exportations algériennes vers l'Egypte et entre 100 et 150 millions de dollars pour les importations algériennes d'Egypte.