Photo : Sahel Par Ramy Samir Le 19 novembre dernier, au lendemain de la victoire de l'Algérie sur l'Egypte (1-0) à Khartoum en match barrage de qualification au Mondial sud-africain, la Fédération égyptienne de football (FEF) a annoncé son retrait de l'Union nord-africaine de football (UNAF). La raison est toute simple : l'UNAF est présidée par Mohamed Raouraoua, président de la Fédération algérienne de football (FAF). Si les Egyptiens, qui n'ont pas admis la défaite et leur élimination du Mondial 2010, ont pris cette décision c'est parce que, au fond, ils savent qu'ils ne risquent rien. Et même si, dans un premier temps, différents responsables du Caire avaient indiqué qu'ils boycotteraient toutes les compétitions sportives auxquelles prendrait part l'Algérie, ils n'ont pu, bien évidemment, passer à l'acte -la CAN de handball en est la preuve- puisqu'ils savent bien qu'un quelconque boycott ou retrait sera automatiquement sanctionné par les instances internationales. D'autre part, signifier son retrait de l'UNAF est sans aucune incidence sur l'Egypte, si ce n'est le discrédit qui frapperait les instances sportives de ce pays. Mais, quelles seront, par contre, les incidences de ce retrait sur l'organisation nord-africaine elle-même ? Avant tout, il est à noter que, d'une manière générale, le continent africain est partagé en plusieurs zones géographiques. En plus de l' UNAF, qui regroupe l'Algérie, la Tunisie, le Maroc, la Libye, et il y a quelques temps, l'Egypte, il y a l'UFOA, pour l'Afrique de l'Ouest, l'UNIFFAC, pour l'Afrique centrale, la CECAFA, pour l'Afrique de l'Est et la COSAFA, pour l'Afrique australe. Chacune de ces instances footballistiques organise un certain nombre de compétitions régionales. En somme, tous les pays africains sont forcément membres d'une Union de football. Même si, en terme de compétitions, le retrait de l'Egypte ne lui pose pas de problème, en ce qui est de la représentativité, ce pays se place, de facto, dans une sorte «d'isolement». Les raisons d'un retrait Le retrait de l'Egypte de l'UNAF est, selon certains observateurs, motivé par d'autres considérations, quoique celles-ci soient toujours liées au résultat du match barrage Algérie-Egypte. Mais il faudrait revenir à la création de cette structure. Il n'est pas sans rappeler que l'UNAF a vu le jour durant le mois de février 2005 à Tunis. Le premier organe de décision de l'Union est le comité exécutif qui comprend un président et quatre vice-présidents. Ces postes sont dévolus aux présidents des cinq fédérations (Algérie, Maroc, Tunisie, Libye et Egypte). C'est le président de la Fédération égyptienne Samir Zaher qui a été élu à la tête de l'UNAF en 2005. Un poste qu'il a occupé pendant un peu plus de trois ans. En juillet 2008, Mohamed Raouraoua, qui, n'était pas pourtant président de la Fédération algérienne, lui succède et prend les commandes de l'UNAF. Dès sa prise de fonctions, Raouraoua n'avait pas tardé à dévoiler ses objectifs. Il s'agissait, prioritairement, de la création d'un Championnat nord-africain des clubs. Chose qu'il concrétisera une année plus tard puisqu'il a pu mettre sur pied la Coupe des clubs champions et celle des vainqueurs de Coupe. Raouraoua compte également créer un tournoi nord-africain des sélections des joueurs locaux. C'est, en partie, ce dynamisme de l'actuel président de la Fédération algérienne qui gêne en quelque sorte Zaher, lui qui s'est toujours considéré comme étant le président de fédération le plus influent en Afrique. Cela, sachant aussi que Raouraoua est membre du comité exécutif de la CAF, membre de la commission de préparation de la CAN 2010, vice-président de l'Union arabe de football, dont il préside la commission de l'organisation de la Champion's League, et membre de deux commissions de la FIFA. De plus, Zaher vit actuellement une situation difficile puisque, d'un côté, il pourrait faire face à une sanction de la FIFA -par rapport aux incidents ayant conduit à l'attaque du bus transportant les joueurs algériens- et, de l'autre, il est la cible, ces derniers jours, d'attaques virulentes de la part de la famille sportive égyptienne qui, de plus en plus, remet en cause sa gestion des affaires footballistiques de l'Egypte. Donc, pour Zaher, Raouraoua est, en partie, le «responsable» de ses problèmes. En tout cas, le retrait égyptien de l'UNAF ne va pas remettre en cause ses objectifs. Un tournoi qui regroupe les meilleurs Bien évidemment, la présence d'un pays supplémentaire, qui, de surcroît, a de très bons clubs, est toujours bénéfique pour un quelconque tournoi. Mais, en termes d'organisation, rien ne va changer. Pour en revenir à ces deux compétitions nouvellement créées, à savoir la Coupe des clubs champions et celle des vainqueurs de Coupe, certains observateurs estiment qu'il est préférable que celles-ci soient organisées sous forme de tournoi qui aura lieu dans un seul pays et non sous forme de matches aller-retour. D'un côté, la programmation des uns et des autres ne serait nullement touchée. De l'autre, cela permettrait aux «recruteurs», par exemple, de pouvoir se déplacer afin d'observer des joueurs. Bien évidemment, une telle option a également des inconvénients. A moins qu'un pays se propose de l'organiser annuellement, il n'est pas évident, dans le cas où l'organisation est tournante, qu'à chaque fois les uns et les autres soient prêts. Il va sans dire que, dans ce cas-là, l'événement exigerait une plus grande logistique et beaucoup plus de moyens. En fait, c'est une question, entre autres, de marketing puisque dans le cas où, par exemple, les droits télévisuels étaient vendus, il n'y aurait plus de problème. En tout état de cause, il est clair que ces tournois, quoique «fragiles» -peuvent être abandonnés à n'importe quel moment- sont toujours utiles puisqu'ils permettent de propulser des clubs et même des joueurs sous les feux de la rampe. Si les championnats de la région n'ont pas une aura considérable, du fait de la faiblesse du niveau, il est clair que les spécialistes seront intéressés quand même par un tournoi qui regrouperait les meilleurs de cette même région. C'est dans cette optique, entre autres, que ces deux compétitions ont été mises sur pied. De plus, les autres compétitions qui existaient auparavant, tels les tournois de l'UNAF de football féminin ou des équipes des moins de 17 ans, servent souvent à préparer ces sélections pour les compétitions africaines ou mondiales. Il est à signaler, en dernier lieu, que la Confédération africaine de football procède, dans certains cas, lors des tournois qualificatifs, par zones géographiques. Dans ces cas-là, l'Egypte, même si elle s'est retirée de l'UNAF, sera forcée de prendre part à ces tournois.