Même Al Jazeera, les télévisions françaises et marocaines, qui ont souvent critiqué l'Algérie, ne se sont pas acharnées contre l'Algérie, comme l'ont fait les télévisions égyptiennes. Après leur élimination de la Coupe du monde, à l'issue du match d'appui, l'Egypte n'a pas trouvé mieux pour se dédouaner de la défaite, que de relancer la campagne médiatique de dénigrement contre l'Algérie. Cette fois, c'est la télévision d'Etat Al Masrya qui s'est jointe à cette campagne d'acharnement médiatique aux côtés des télévisions égyptiennes privées, notamment Nile Sport et Dream TV qui ont consacré de longues émissions à l'événement en accusant l'Etat algérien, son gouvernement et son peuple d'avoir créé une haine contre les Egyptiens au Soudan et en Algérie. Du jamais-vu dans les annales des télévisions arabes. Al Jazeera, les télévisions françaises ou même marocaines, qui ont souvent critiqué l'Algérie, ne se sont pas acharnées contre l'Algérie, comme l'ont fait les télévisions égyptiennes. C'est un véritable matraquage médiatique, doublé d'une manipulation grossière de la part de ces chaînes égyptiennes. C'est le programme de Ibrahim Hidjazi de Nile Sport, qui a chauffé les nerfs des Egyptiens durant toute la journée de jeudi, en recevant les appels des stars et des techniciens égyptiens, ainsi que des soi-disant supporters égyptiens qui se disaient bloqués et menacés par des Algériens au Soudan. Le présentateur de Nile Sport est allé jusqu'à créer une nouvelle pièce théâtrale, avec l'histoire de Marwa, une jeune fille égyptienne perdue au Soudan, qui, subitement, a été sauvée et emmenée en un temps record à l'aéroport de Khartoum. Curieusement, la communication était excellente et la jeune fille ne voulait pas passer le téléphone aux Soudanais, ce qui prouve que la personne n'était pas du Soudan mais bel et bien d'Egypte. Ibrahim Hidjazi a poursuivi son acharnement verbal et médiatique contre l'Algérie en accusant la jeunesse algérienne de tous les maux. Dans la soirée, il avait promis de diffuser des images exclusives qui accusent les Algériens, mais finalement, ce sont des images filmées par des Algériens à Alger et qui montraient la destruction d'un siège de Djezzy. Nile Sport n'avait aucune image de Khartoum, il a puisé toutes les images gratuitement sur YouTube. La plus grande manipulation c'est cette image de supporters portant des couteaux, qui a été tournée dans un stade algérien et pas au Soudan et qui existait depuis plusieurs mois sur YouTube. Et comme cela ne suffisait pas, l'animateur reçoit un appel d'un Egyptien caché soi-disant à Alger, pour exprimer sa peur d'être en Algérie. Là encore, l'animateur de Nile Sport a accusé la jeunesse algérienne de tous les maux. Pour étayer ses propos, et leur donner plus de poids, il a invité un spécialiste de l'Algérie, l'ex-correspondant d'Al Ahram à Alger, M.Kafass, qui a finalement dévoilé son visage, en accusant le pouvoir algérien de tous les dépassements et critiquant violemment les dirigeants de la presse écrite algérienne. Avec ses déclarations, ce correspondant sans scrupules et qui est connu pour son non-professionnalisme, a définitivement coupé les ponts avec l'Algérie, et s'en est allé dans une vindicte basse, en dévoilant toutes les crises qu'a vécues l'Algérie et ses petites histoires anecdotiques sur le pouvoir en Algérie. C'est l'ambassadeur d'Algérie au Caire, Abdelkader Hadjar, qui a fait l'objet de plus d'insultes et des critiques de la part du journaliste d'El Ahram. Cet acharnement médiatique se poursuit sur les autres chaînes de télévision égyptiennes. Sur Dream2, où une journaliste, invitée sur le plateau, racontait en détail, mais curieusement sans images vidéo ou photo, l'agression algérienne qu'elle aurait subie au Soudan. Comment dans un bus des journalistes possédant des caméras et des appareils photo n'ont pas pu prendre une preuve de cette soi-disant agression algérienne. Cette campagne anti-algérienne a pris des proportions plus importantes quand le fils du président Moubarak, Alaâ, intervient sur la chaîne Dream dans l'émission d'Al Ghandour, l'un des animateurs les plus belliqueux, pour exprimer lui aussi sa consternation par le résultat du match et jouant surtout sur le sentiment nationaliste très chauvin des Egyptiens: «Je répondrai à toute attaque contre les enfants de mon pays.» Ce sommet des propos graves vient, en fait, de la part d'un potentiel successeur du premier responsable égyptien. L'intervention du fils de Moubarak a donné ainsi plus de poids à la campagne anti-algérienne et tous les grands noms du cinéma, des médias et des télévisions ont commencé à appeler au boycott de l'Algérie, dans tous les domaines: culturel, sportif et médiatique. Certains hommes politiques, notamment de l'opposition, ont appelé à rompre tout simplement les relations diplomatiques avec l'Algérie. La chaîne d'Etat égyptienne ESC (Masrya), s'est jointe à cette meute des télévisions égyptiennes, en faisant de l'émission conviviale «Beit Bitek» (ma maison est la tienne), une tribune de l'anti-algérianisme avéré. Là, aucune image encore des soi-disant agressions des supporters algériens contre les Egyptiens, seulement les images d'une bagarre générale lors du match Algérie-Egypte au Caire en 1984 et où les joueurs algériens se sont, à l'époque, bien défendus contre l'agression des policiers masry. L'Egypte est tombée dans le caniveau pour justifier sa défaite face à l'Algérie, le 18 novembre dernier. Cet acharnement médiatique contre l'Algérie, dicté par des politiciens en mal de projet politique et qui, visiblement, n'avaient pas préparé leur public égyptien à la défaite, se rattrapent dans une troisième mi-temps guerrière.