Photo : Riad Par Hasna Yacoub L'Algérie, qui a arraché son billet pour l'Afrique du Sud, a mérité sa victoire face à l'Egypte. Mais ce qui ne devait être qu'une compétition sportive pour la qualification au Mondial 2010 et ce, malgré toute l'atmosphère particulière qui a marqué cette rencontre, prend aujourd'hui l'allure d'une crise diplomatique algéro-égyptienne. Au point que Mouammar Kadhafi, le président libyen, à la demande du secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a proposé sa médiation pour mettre fin aux tensions entre Le Caire et Alger. Rarement, voire jamais, un match de football n'avait entraîné avec lui un tel torrent de réactions et de violences. Le simple cadre sportif a été dépassé depuis longtemps et les tensions ont dégénéré au plus haut niveau des deux Etats. Et si la colère algérienne après le match du Caire est justifiée et que sa revanche sportive soit légitime, celle de l'Egypte, elle, n'a pour autre explication que la volonté d'un chef de l'Etat qui aspirait à utiliser le football comme moyen au service d'une fin qui est l'installation de la dynastie des Moubarak par l'intronisation du prince héritier, Jamal. En effet, la qualification au Mondial était d'une importance vitale pour les Egyptiens. Pendant toute la période d'avant-match, les médias égyptiens ont déclenché une guerre psychologique virulente, voulant atteindre le moral des Algériens et des Fennecs. Ainsi, en plus de l'agression préméditée contre le bus des Verts et les supporters, il y a eu ensuite l'impressionnant appareil égyptien d'information tout entier qui est tombé dans une campagne d'une bassesse indescriptible, laquelle s'est clôturée par une chasse terrible à l'Algérien. «sauvages», «bâtards» ou encore «terroristes» et «mercenaires», les qualificatifs n'ont pas manqué pour nos «frères» arabes. Même le président Hosni Moubarak s'est mis de la partie en affirmant, le 21 novembre dernier, tenir rigueur à tout ce qui porterait atteinte à la dignité de ses ressortissants dans les pays étrangers. «L'Égypte ne fera pas preuve de laxisme envers ceux qui portent atteinte à la dignité de ses citoyens.» A Alger, gardant sérénité et calme, dignes d'un chef d'Etat, Abdelaziz Bouteflika n'a fait aucun commentaire depuis le début de cette crise. Il s'est contenté de féliciter le onze algérien qui a «surmonté les difficultés et remporté la victoire face à l'équipe sœur d'Egypte, pourtant forte et aguerrie». Le Président n'a même pas eu besoin de recourir à des mesures spéciales pour assurer la protection de la communauté égyptienne en Algérie qui vaque, le plus normalement du monde, à ses occupations. Ceux parmi les Egyptiens résidant en Algérie qui ont choisi de rejoindre l'Egypte l'ont fait dans le cadre de leurs missions et de leurs visites familiales à l'occasion de l'Aïd. Les quelques dérapages qui ont été enregistrés en Algérie où des personnes, révoltées de voir leurs compatriotes rentrés ensanglantés du Caire, s'en sont prises aux intérêts économiques égyptiens comme le groupe Orascom Telecom Algérie ou encore Egypt Air, n'ont été que de courte durée. Aujourd'hui, les activités ont repris leur cours normalement pour les entreprises égyptiennes. Mais c'est loin de calmer les esprits entre les deux pays parce que le problème qui se pose, en vérité, c'est la croyance des Egyptiens que la défaite de mercredi dernier porte atteinte à la «suprématie» de leur pays dans le monde arabe. Donc, la rivalité entre les deux pays est d'abord et avant tout politique. Le politique et les médias en Algérie ont choisi d'agir avec plus de maturité et de fêter la victoire. Ils n'ont nullement besoin aujourd'hui de réagir aux attaques égyptiennes. Les chiens aboient, la caravane algérienne passe.