Le développement qu'a connu le secteur des finances a permis l'apparition de plusieurs produits qui facilitent, notamment aux PME, d'ouvrir de nouveaux horizons. En fait, si le problème du financement des projets se pose avec acuité actuellement en Algérie, des solutions existent pour l'acquisition de différents engins de travaux publics et même d'appareils. L'Algérie a adopté ce mode de financement qu'est le leasing depuis plusieurs années. Il convient de noter, d'abord, que le leasing est une opération commerciale et financière par laquelle un établissement financier met à la disposition d'un tiers un bien pour une durée déterminée moyennant le paiement périodique d'un loyer arrêté au préalable. Et à l'issue de la période de location, il est offert au crédit preneur ou au tiers une option d'achat par le paiement de la valeur résiduelle (1% du prix du bien pour certains établissements). Bien qu'il soit peu connu, ce produit reste, en fait, un moyen efficace entre les mains des opérateurs économiques. Cependant, des années durant, le leasing a été relégué au second degré. Durant les années 1990, les opérations de leasing étaient traitées comptablement à la banque El Baraka, à titre d'exemple, en tant qu'opérations de crédit constatées dans la classe crédit à la clientèle à l'instar d'autres types de financement. L'absence d'une culture leasing en Algérie a considérablement compliqué la tâche de cette banque dans la mesure où les opérateurs continuaient à constater les biens en tant qu'investissement et à les amortir. Durant la dernière décennie, d'innombrables difficultés ont été constatées par les banques qui pratiquaient cette formule. A citer, entre autres, la difficulté d'établir des documents juridiques et administratifs au nom de la société de leasing, notamment auprès de certaines administrations qui ne sont pas habituées à ce mode de financement en l'absence d'orientations et d'instructions s'y rapportant, la difficulté de transférer la responsabilité civile du propriétaire au crédit-preneur en cas d'accident ou de dommages, la difficulté de s'assurer de l'apposition des plaques qui justifient la propriété de la société de crédit-bail et la difficulté de revendre ou de relouer les équipements une fois récupérés. Malgré ce retard flagrant enregistré durant les années 1990, l'Algérie a pu, en un court laps de temps, franchir un pas important. Ainsi, selon les experts, le leasing au Maghreb montre clairement que l'Algérie est en avance sur le plan des textes juridiques même si elle est en recul sur le plan de l'exercice de cette activité rentable et complémentaire. Depuis le début des années 2000, plusieurs établissements financiers se sont lancés dans cette activité, telles Arab leasing corporation ALC et la société Algérie Saudi Leasing (ASL) Limited dont la Banque extérieure d'Algérie est un associé et la Société nationale de leasing créée dans le cadre d'une association entre la BDL et la BNA. Ces établissements proposent, en effet, des produits destinés exclusivement aux petites et moyennes entreprises. Les responsables de ces établissements ne lésinent sur rien pour dire que les avantages de cette formule sont innombrables. Les experts eux aussi estiment qu'elle ouvre de grandes perspectives au développement notamment des PME et aux entreprises à faible capacité d'endettement au regard des critères d'appréciation du risque et de l'analyse financière traditionnelle. On cite parmi les avantages du leasing, selon le responsable de communication d'ALC rencontré en marge du Salon des travaux publics, le financement à moyen terme de projets sans affecter les capacités d'endettement de l'entreprise, lequel ne s'inscrit pas dans les actifs du bilan, la déductibilité des loyers de l'assiette imposable, ce qui constitue un moyen d'amortissement accéléré de l'investissement et permet un gain d'impôt. La même source nous a fait savoir aussi que le leasing évite une forte mobilisation de fonds de l'entreprise, ce qui minimise l'impact sur la trésorerie et permet en outre un gain considérable après la revente des équipements sur le marché secondaire. Il convient de souligner également que cette formule figure parmi les mesures retenues dans le cadre de la nouvelle loi de finances 2009 pour appuyer et soutenir le financement de l'économie nationale. Ainsi, on verra l'apparition d'une Société nationale de leasing créée, récemment, par la BDL et la BNA. Selon les responsables de ce nouvel établissement, il ne s'agit pas d'une formule de remplacement au crédit à la consommation. Ils ont expliqué que le leasing s'adresse aux PME-PMI et intervient pour offrir un cadre favorable avec des avantages fiscaux intéressants pour le financement des investissements des biens d'équipement des entreprises et des professionnels clients. De la sorte, les banques publiques se lancent dans une activité qui était jusque-là l'apanage du privé. La Société nationale de leasing aura un capital social de l'ordre de 3,5 millions de dinars. Hormis les établissements financiers qui se sont sérieusement lancés dans le leasing, les concessionnaires, eux aussi, ont décidé d'offrir ce service à leurs clients, notamment après la suppression du crédit automobile dans la loi de finances complémentaire 2009. Les concessionnaires ont essayé de cette manière de contourner les décisions prises par l'Etat en matière de régulation des crédits bancaires et d'importation mais, par ailleurs, de faciliter aux entreprises particulièrement l'acquisition d'engins de TP. Il faut dire, enfin, que, si le financement de l'économie nationale reste une problématique inextricable, des formules intéressantes existent de l'avis même des banquiers. Tel le leasing, d'autres formules peuvent faire le bonheur du tissu industriel algérien et des PME qui ont besoin énormément d'appuis financiers pour perfectionner déjà l'outil de travail et, ensuite, résister à la rude concurrence des marques étrangères. S. B.