Photo : Riad Par A. Lemili Une huitaine de jours après le rendez-vous continental de Khartoum, malgré toutes les prévisions autour d'un ancrage définitif de la liesse populaire faites par l'ensemble des personnes plus ou moins impliquées dans la préparation, la chorégraphie à tous les niveaux et, enfin, l'apothéose qui a découlé de la campagne du mondial de football engagée par la sélection nationale, la population algérienne a su finalement raison garder, considérant dans son incontestable sagesse que les meilleures choses, obligatoirement, ont des fins et moins elles s'éternisent plus elles ont des chances de demeurer vivaces, voire éternelles. Plus rationnellement encore, les sportifs, en fait ceux qui ont le football dans la peau, et autant dire que c'est la majorité des Algériens, ont remis pied sur terre vendredi passé déjà à la lumière du tirage au sort de la CAN 2010 en attendant celui du quatre décembre prochain, gardant également la tête froide mais tout autant le sentiment que si la foi déplace les montagnes, le respect des valeurs sportives qui ne sont en fait qu'un substrat de celles morales forge les peuples et bâtit les nations. Sinon pourquoi existeraient-ils alors des jeux Olympiques et d'autres manifestations sportives continentales et intercontinentales ? Or, une huitaine de jours après le rendez-vous de Khartoum, si nos compatriotes n'avaient aucune raison de remiser aussi vite cet évènement et, pour cause, le simple fait qu'il replace de plain-pied l'Algérie dans un espace qui est le sien sur bien des aspects, dans leur immense sagesse, chacun d'eux a considéré que le plus urgent était de s'atteler à d'autres objectifs et relever d'autres défis quelle que soit leur nature. Ce qui, au demeurant, ne semble pas être le cas pour nos adversaires… du moins le temps d'un tournoi qualificatif au Mondial 2010. Lequel tournoi a consommé leur élimination et surtout consumé tous les paravents qui, jusqu'au 18 novembre, ont permis d'entretenir des illusions dont la plus grande est évidemment celle qui ne leur a pas fait voir les choses en face ou sinon qui a fait qu'ils ont refusé de les voir en face pour admettre qu'il ne sert à rien d'entretenir une vision passéiste des choses et essayer d'en tirer des prébendes en faisant usage d'artifices. Et huit jours après le rendez-vous de Khartoum, les chaînes égyptiennes continuent donc à déverser leur bile sur le peuple algérien sur lesquelles elles font une fixation à laquelle le plus atteint des paranoïaques aurait allure de bonze. Et, ce faisant, dans cette hystérie, ces mêmes chaînes, sans le savoir d'ailleurs, absolvent donc de fait la sélection nationale de football… la nôtre bien entendu, confirmant la réalité d'un parcours parfait, des résultats incontestables, un classement logique. Autrement dit, une supériorité sur toute la ligne. Ce qu'attendent et exigent les instances internationales du football. Comme il y a eu de la violence au Caire, il y a eu de la violence à Khartoum. Pourrait-il en être autrement d'ailleurs. «Le football est un sport d'hommes», se plaisent à dire des sportifs des aires gazonnées. Cette attitude mâle, voire machiste déteint forcément sur les supporters et, parfois, sur de simples spectateurs parmi les plus calmes. Nous en prenons pour preuve que les commentateurs égyptiens des Nile sport, Dream et son deuxième clone n'ont eu cesse de poser en boucle la même question : «Pourquoi les autorités n'ont-elles pas envoyé à Khartoum les fans d'Ismaïlia, du Zamalek, d'Alexandrie… au lieu de déléguer comédiens et chanteurs ?». Est-ce à dire qu'il s'agit simplement d'une question de roublard casting qui aurait contribué à faire oublier le décor du dantesque trajet aéroport-résidence de l'EN lors de son arrivée au Caire. La chose est sans doute plus simple et elle se résume à une dépréciation sur le marché du football égyptien, comme s'est déprécié leur cinéma, un cinéma naguère aussi rayonnant que l'a été en son temps le phare d'Alexandrie et aujourd'hui frappé de décrépitude. Hélas oui, même le cinéma,les Egyptiens ne savent plus en faire.