La vie reprend son cours, les élèves et les étudiants aussi, du moins ceux qui ont la chance d'avoir des enseignants fédérés au sein de syndicats s'estimant satisfaits. Après trois semaines de grève dans les établissements scolaires, les sirènes retentissent à nouveau, annonçant l'accès aux classes. Trois semaines pendant lesquelles les enseignants, en partie, avaient déserté leurs pupitres et durci leur position pour faire aboutir leurs revendications. Le débrayage était pratiquement éclipsé par l'euphorie qui a suivi la victoire des Verts, tout comme l'ont été les arrêts de travail observés au niveau de certaines universités et de certains établissements publics hospitaliers. La présence d'enfants et d'adolescents dans la rue et dans les cortèges qui ont défilé durant plusieurs jours ne manquait pas de le rappeler, mais la joie le disputait à la contrariété dans le cœur des parents. Maintenant que la réalité se réapproprie le terrain, place à l'inquiétude quant au retard accumulé pendant tout le temps qu'aura duré la grève. Comment rattraper celui-ci sans saturer les élèves, une équation difficile à résoudre et les éducateurs le savent. Il faudra répartir les cours non dispensés sur des horaires déjà bien chargés et rendre extensible un emploi du temps qui n'en peut plus. On se demande à juste titre si les instituteurs et les professeurs seront en mesure d'épuiser le programme au vu d'un tel retard, d'autant plus que d'autres mouvements de protestation du même genre ne sont pas à écarter en cas d'atermoiement de la tutelle dans la concrétisation de ses promesses. Le débrayage dans l'enseignement supérieur aura lui aussi été occulté par la vague de joie qui a déferlé sur le pays, mais pas seulement. Le mouvement était dispersé, d'où le non suivi enregistré au niveau de certaines universités. Les campus ont pratiquement ignoré l'appel à la grève qui a théoriquement bouclé sa deuxième semaine. Le Conseil national de l'enseignement supérieur, qui ne semble pas avoir ratissé large, a appelé à la reprise des cours hier, en attendant la reconduction du mouvement pour une même durée. Si le ministère de l'Education nationale a fini par prêter une oreille - plus ou moins - attentive aux doléances des grévistes de son secteur, celui de l'enseignement supérieur campe sur une position qui ne peut en aucun cas servir les intérêts des étudiants à travers bien évidemment la satisfaction des revendications des enseignants universitaires, la même position que celle dont se pare le département de la Santé qui se retrouve face à un débrayage cyclique initié par le syndicat national des praticiens de la santé. Une protestation qui passe inaperçue pour le moment, les autres syndicats du secteur ayant fait le choix de tempérer ou de ne pas rejoindre leurs confrères sur le terrain de la contestation. R. M.