L'Aïd El Adha de cette année a apporté avec lui, en plus de la joie qu'il a créée, d'autres bonnes nouvelles : les deux grèves déclenchées respectivement dans l'Education nationale et l'enseignement supérieur ont pris fin, même si de manière temporaire pour la seconde.Cette reprise est donc un bon signe quant au dénouement d'une crise qui, à y voir de près, a duré des semaines. Sauf qu'en réalité le conflit ne date pas d'aujourd'hui et sa résolution a l'air de durer dans le temps. Cela n'est pas dû au fait que les syndicats autonomes ont transigé à ce propos -eux qui ont déjà prouvé leur sens de la responsabilité de par le passé- ou au fanatisme d'autres représentants syndicaux, mais plutôt à une politique salariale complètement obsolète. Pire, dans un pays riche, ce sont les fonctionnaires de l'Etat qui se retrouvent dans la difficulté. Pour qualifier le salaire d'un enseignant de lycée, par exemple, les syndicalistes ont inventé le sobriquet de «sérum», selon le responsable d'une organisation syndicale. Cela veut dire tout simplement que la rémunération ne suffit même pas à tenir une partie du mois. Cela permet à bon nombre de fonctionnaires (pas seulement les enseignants) de subsister. C'est parfois un euphémisme pour beaucoup d'entre eux. Car, dans un climat aussi dur que celui d'une crise économique mondiale, conjuguée à une inflation de plus en plus galopante, les augmentations promises ici et là ne sont que de simples opérations de rafistolage et, au pire des cas, de la poudre aux yeux.C'est justement dans ce contexte que se tiendra la prochaine tripartite. Cette rencontre, qui regroupera les trois partenaires traditionnels, à savoir le gouvernement, le patronat et le syndicat officiel, UGTA -la réunion exclut malheureusement les syndicats autonomes malgré leur véritable démonstration de force- va voir être discutée, essentiellement, l'augmentation du SNMG (salaire national minimum garanti). Sauf qu'avant cette fameuse rencontre, annoncée auparavant pour l'automne puis reportée sans cesse, le gouvernement a déjà réservé le montant consacré au SNMG. Ce qui revient à dire que le montant serait déjà fixé, du moins de manière approximative. Et ce n'est plus une surprise, puisque même l'Union générale des travailleurs algériens, le syndicat censé défendre la masse des salariés auprès du gouvernement et des employeurs, ne demande plus que… 18 000 DA. Autant dire des miettes face à une misère de plus en plus galopante. A cela il faut ajouter un autre écueil très important : le fameux article 87-bis du code de travail qui fait que l'augmentation du SNMG n'entraîne pas forcément un entassement des autres salaires qui ne sont pas indexés sur le salaire minimum, en plus de fait que ce salaire n'est pas calculé à partir du salaire de base, mais même avec les primes ajoutées. Autrement dit, l'augmentation du SNMG ne concerne pas tous les salariés. Ne seront touchés par cette mesure que les smicards, les cadres supérieurs et les moudjahidine, dont les rétributions sont calculées sur la base du SNMG.Il est vrai que la situation actuelle de l'économie algérienne ne permet pas une conséquente augmentation des salaires, notamment ceux des fonctionnaires. Mais est-il juste que ces les salariés paient toujours les pots cassés ? A. B.