La question du logement est toujours d'actualité dans notre pays. Il existe un déficit en la matière en raison du retard enregistré durant des décennies. Des cités érigées durant l'époque sombre du colonialisme continuent d'écorcher les regards, tel des plaies qui défigurent le paysage, et de défier le bon sens du fond de ces pièces uniques où s'entassent des familles. Il est clair qu'elles constituent un casse-tête pour les pouvoirs publics, dans la mesure où ils doivent trouver une solution pour le relogement des occupants et réparer le tort commis par leurs concepteurs dont les motifs étaient connus. Un pari difficile que l'Etat est tenu de relever afin d'effacer à jamais les traces d'une discrimination qui trouve son origine dans une période où les biens et les richesses de notre pays étaient spoliés. Aujourd'hui, ces agglomérations étouffent leurs occupants, devenus plus nombreux au fil des ans. Des habitations, en réalité des studios, n'en peuvent plus de contenir de plus en plus de personnes, jusqu'à priver celles-ci de toute intimité. C'est généralement là que l'idée des constructions précaires, ou plutôt des bidonvilles, a pris sa source. Les familles se sont agrandies, leurs enfants ont grandi et se sont mariés, alors que la superficie du logement est la même. Promiscuité et mal-vivre cohabitent sur les lieux et se disputent l'espace qui ne peut contenir tous les occupants, les nouveaux couples et leur progéniture y compris. D'où toutes ces bâtisses érigées de manière tout aussi aléatoire qu'illégale. Le problème devient d'ailleurs de plus en plus complexe et son éradication risque d'être difficile du fait que le nombre de baraques ne cesse d'augmenter. Ce qui revient à dire qu'il serait judicieux de s'attaquer aux racines (du problème) en donnant une autre configuration, plus humaine, à toutes ces cités héritées d'un passé douloureux. L'exemple de Diar El Kef, dans la capitale, devrait être étendu à toutes les autres que compte notre pays. R. M.