Photo : Riad Par Ali Boukhlef Le ministre des Finances, Karim Djoudi, n'avait pas de souci à se faire. Devant une assemblée acquise, la loi de finances 2010 est passée hier, au terme d'une matinée de débats, comme une lettre à la poste. Seuls les parlementaires du Rassemblement pour la culture et la démocratie ont dit clairement non, alors qu'ils n'ont fait aucune proposition de loi. Les députés du Front national algérien se sont abstenus. Tout comme ceux du Parti des travailleurs. Sauf que, pour ces derniers, la position est presque étrange : sur les 54 amendements proposés, 50 émanaient des députés du parti de Louisa Hanoune, dont 10 étaient de nouvelles propositions d'articles. Ce n'est pas la peine de deviner que toutes les propositions du PT sont rejetées d'abord par la commission des finances de l'Assemblée populaire nationale. Peu importent les arguments avancés, puisque, à la demande de Louisa Hanoune elle-même concernant la hausse du salaire national minimum garanti à 35 000 DA, la commission a dit non parce que «la hausse du SNMG est discutée en tripartite» et ne fait pas l'objet de loi. Quant à la requête de la secrétaire générale du Parti des travailleurs, qui a fait neuf propositions, de voir l'Etat réquisitionner les logements inoccupés, la commission a fait valoir, entre autres, «le droit à la propriété». Les propositions du Parti des travailleurs n'ont pas reçu que des refus, puisque le député du FLN, Abdelhamid Si Afif, a tenté d'interrompre Louisa Hanoune alors qu'elle s'exprimait. «Elle fait de la politique sur le dos des parlementaires», dira-t-il plus tard. Etrange manière de concevoir la politique. Mais après les quatre heures de cérémonial, les députés des partis de l'Alliance présidentielle, qui ont consenti deux propositions concernant des bonifications fiscales et des réductions sur la consommation électrique pour certaines wilayas du Grand Sud, acceptées bien sûr, ont voté sans rechigner la loi de finances 2010. Ce qui a fait plaisir à Karim Djoudi qui n'a pas jugé utile de faire un discours de clôture, préférant laisser ses impressions aux journalistes, nombreux à l'attendre dans le hall de l'Assemblée. Ainsi, on apprendra que le déficit dans le budget n'est pas un problème, puisque, dit-il, «les réserves de changes constituent 40% du PIB [produit intérieur brut]». De la même manière, le premier argentier du pays a estimé que «l'Etat va tenir ses engagements» concernant le versement, avec effet rétroactif, des indemnités des fonctionnaires. Quant à la crise qui touche Dubai Word, qui gère le port d'Alger, Karim Djoudi estime qu'il «n'y a aucun risque à partir du moment que la société ne s'occupe que de la gestion du port et ne dispose pas d'actifs» en Algérie.La loi de finances 2010 poursuivra son chemin institutionnel, puisqu'elle sera débattue au Conseil de la nation à partir de la semaine prochaine, avant qu'elle ne soit paraphée, avant la fin décembre, par le président e la République.