Photo : lemili De notre correspondant à Constantine Abdelhamid Lemili Pour la wilaya de Constantine, l'avenir ne se pose pas en termes de projets à réaliser dans le cadre du développement local, de la disponibilité des moyens financiers, autrement dit leur budgétisation, l'existence de moyens matériels et à l'évidence des compétences humaines à même de matérialiser tous ceux (projets) pharaoniques officiellement inscrits. Il s'agit par voie de conséquence encore de moins gloser sur un plan de charge pour l'année 2009, mais surtout et plutôt de ses délais de réalisation et plus précisément du respect des délais, si tant est qu'ils soient enfin connus du grand public et plus particulièrement annoncés aux populations. Or, si le wali vit et entretient une popularité préfabriquée sur ces projets, en parle énormément à travers une revue bimensuelle créée spécialement pour ce dessein, anime un exécutif qui donne et ne fait que donner l'impression d'un intense activisme, dispose d'une radio locale qui lui est totalement acquise jusqu'à faire dans la désinformation telles que les versions que le premier magistrat local et ses collaborateurs impriment à l'avancement des chantiers, voire de taux de réalisation, des enveloppes consacrées mais rarement de leur consommation, il ne fait qu'entretenir une illusion d'autant que tout est visible ou plutôt n'est pas visible sur le terrain. Selon un adage bien de chez nous, peut-on dissimuler le soleil derrière un tamis ? Réalisation d'un viaduc, communément appelé transrhumel, d'un tramway, d'un tronçon de l'autoroute est-ouest, aménagement de la place des frères Kerkeri, d'une cité d'affaires, après la démolition d'un vieux quartier et sa réhabilitation modernisée ou plutôt futuriste, réalisation de trois autres téléphériques en appoint à celui déjà livré (avec sept mois de retard), perturbé depuis quelques semaines par de nombreux arrêts, d'une ville universitaire, de nombreux hôtels, d'un palais international des expositions et d'un complexe olympique, etc., ce sont là autant de projets, dont nul ne saura jamais la date de livraison, à moins de prendre pour paramètres de prévision les retards enregistrés dans la livraison sinon la non-livraison du tramway, réputé remis clés en main en avril prochain alors qu'il n'est même pas entré en réalisation, les équipes administratives venant à peine de s'installer, alors que celles techniques d'Alstom-Italie seraient peu enclines à rejoindre l'Algérie «pour deux raisons, dont les versions diffèrent», nous dira un cadre affecté au projet, précisant que «la première soulèverait une question de prise en charge de la sécurité des techniciens étrangers qui séjourneront durant toute la phase de réalisation, voire après, notamment en ce qui concerne la garantie et les interventions de maintenance des équipements. Sur ce sujet précis, les pouvoirs publics auraient proposé aux dirigeants d'Alstom de financer ce volet en recourant aux sociétés de vigiles privées activant en Algérie». Pour notre interlocuteur, cette question n'ayant pas été évoquée dans les négociations, elle occasionnerait un manque à gagner à Alstom et rognerait sur les bénéfices prévus, ce qui, logiquement, aurait été décliné par les dirigeants italiens. La deuxième raison est aussi plausible que la première dans la mesure où «le manque à gagner se situerait dans la dépréciation du dollar américain dont l'écart et/ou l'évaluation des pertes serait à mettre sur le compte des retards dans le démarrage imputable à la partie algérienne pour diverses raisons, plus particulièrement des procédures… bureaucratiques. Dans ce cas précis, Alstom aurait souhaité revoir en hausse sa proposition, une proposition sur laquelle l'opérateur étranger s'arc boute au moment où la partie algérienne affiche une attitude contraire». Statuquo parfait donc. Seule une dizaine de personnes, entre cadres de l'EMA et de l'opérateur italien, occupent le siège de ce qui devrait constituer l'équipe appelée au pilotage du projet. Il en va de même pour tout ce qui reste comme projets sauf pour le tronçon de l'autoroute est-ouest où les équipes de l'opérateur japonais s'activent effectivement mais pas forcément dans le sens du timing officiellement retenu… d'où, très peu d'optimisme sur le respect de livraison du tronçon au sens des affirmations du premier responsable, en l'occurrence le ministre des Travaux publics. En fait, quitte à le répéter inlassablement, le problème ne se pose pas en termes de projets susceptibles d'être un jour livrés mais de la date à laquelle ils le seront. Autant dire que les Constantinois y voient une superbe invitation à tirer des plans sur la comète. Autre particularité relevée : l'absence d'une création d'emplois conséquente par comparaison à la multiplicité de ces projets et surtout de leur dimension. Tous les projets évoqués seront sans doute réalisés mais… un jour dont il restera à déterminer l'exactitude. Conclusion : parler de perspectives de réalisation de projets pour 2009 dans la wilaya de Constantine consisterait à abonder dans le sens de l'irrationnel.