Photo : A. Lemili De notre correspondant à Constantine A. Lemili Il relevait incontestablement de la plus grande gageure que de croire qu'une mutation urbanistique de l'ampleur de celle visant la ville des Ponts puisse se faire en douceur et surtout harmonieusement. En réalité, les raisons ne sont pas celles qui viendraient rapidement à l'esprit de tout un chacun qui considérerait légitimement qu'il s'agit d'un ou d'une série de projets pharaoniques requérant énormément de temps et de moyens, un passage obligé commun, accessoirement identifiable par les désagréments générés, à n'importe quel pays, si développé serait-il, et dont les autorités envisageraient une partielle modernisation dans une ville donnée, son extension ou encore la réalisation de sites urbains satellites. Nous nous autorisons toutefois à souligner que des désagréments cadrés et encadrés sont tolérables quand ils sont accompagnés d'arguments rationnels, à commencer par la nature des travaux, des incidences volontaires ou involontaires annexes, d'un menu de priorités, des délais et surtout du respect de leurs échéances, etc. Or, dans le cadre de ce qui est cérémonieusement qualifié de Projet programme de modernisation de la métropole de Constantine (PPMMC), les pouvoirs publics locaux, en instruisant leurs différentes et tout autant directions de l'exécutif concernées d'entamer l'ouvrage tambour battant, sont très vite allés en besogne notamment par la démolition de pans entiers de quartiers de la ville, le déménagement, pour ne pas dire le déracinement de milliers de familles vers le reste des communes elles-mêmes au centre d'une crise multidimensionnelle similaire à celle du chef-lieu de wilaya. Ce faisant, l'administration locale a donc rendu plus complexe la question du transport en général, mis en difficulté les établissements scolaires existants parce que dans l'incapacité d'accueillir l'exode de nouveaux élèves d'une telle dimension, créé une très forte demande multiforme dans des endroits où l'offre est faible et inversement une offre supérieure à la demande en d'autres lieux. Le paradoxe dans toute cette situation est qu'il est peu probable que tous les chantiers démarrent avec une parfaite synchronie, si tant est que ces chantiers démarreraient et ce, pour une raison essentielle… l'absence de moyens matériels et autres équipements spécifiques à hauteur des ambitions affichées, des choix et de la complexité des options projetées d'autant qu'elles s'auréolent de la réputation de futurisme tout en respectant le… cachet séculaire (sic) de la cité, tel que martelé lors du workshop international qui s'est déroulé au mois de février dernier. Or, la disparition d'espaces refuges à une population, les moyens, toutes natures confondues, qu'ils procuraient dans la vie courante à des milliers de personnes, la réquisition de ces mêmes espaces devenus des no man's land stériles parce que sous-utilisés ou non encore utilisés aux fins prévues et peu probables de l'être pour des raisons bureaucratiques qu'il n'est plus nécessaire de rappeler, ont, en plus d'avoir défiguré une cité déjà ruralisée, totalement bouleversé le quotidien des Constantinois. Les questions lancinantes et incessantes qui se posent sont : «A-t-on réellement réfléchi à tout ça ? Quand commenceront les vrais travaux ? Et surtout, quand finiront-ils ?» Quand on sait que le tramway devait être livré en 2009 alors que l'entreprise chargée de sa réalisation n'est toujours pas installée, il ne peut y avoir place qu'à de la circonspection.