Depuis longtemps, l'intervention de l'Allemagne sur le continent noir se résumait à une timide aide au développement, mais à présent elle compte peser de tout son poids pour consolider sa position sur l'échiquier international. Désormais, elle regarde l'Afrique d'un œil nouveau. Cette nouvelle politique africaine, timidement entamée à l'ère du chancelier Helmut Kohl, est basée sur l'intérêt stratégique de Berlin pour le marché africain où elle entend développer de nouveaux partenariats à même de booster sa dynamique économique. En succédant à Kohl, Gerhard Schröder a approfondi davantage cette vision nouvelle en harmonisant les relations commerciales de son pays avec de nombreux homologues africains et en apportant sa caution aux différents mécanismes de l'UA destinés au développement du continent le plus pauvre. Angela Merkel a ensuite énormément persévéré dans la voie tracée par ses prédécesseurs pour asseoir une véritable stratégie diplomatique dans ce sens. Sous son impulsion, on a même assisté à l'implication de l'armée allemande, la Bundeswehr, dans des missions de maintien de la paix. Outre le règlement des conflits et l'instauration de la sécurité ainsi que la mise en place de la bonne gouvernance et le soutien à la démocratie, de nouveaux champs, comme le développement du commerce, des investissements, et l'intégration régionale en Afrique sont au cœur de cette nouvelle feuille de route. Acteur global et moteur principal de l'UE, l'Allemagne s'emploie à développer des partenariats durables avec les principaux acteurs de la région. Et l'Algérie figure en très bonne place à ce sujet, en sa qualité de puissance économique incontournable dans la sous-région de l'Afrique du Nord. Les deux Etats entretiennent de longue date, il faut le souligner, des relations politiques excellentes, et le volume de leurs échanges commerciaux est en nette croissance. Inutile de revenir ici sur l'historique du partenariat algéro-allemand dans de nombreux domaines, dont la mécanique auto, ou de ressasser leurs nombreux points de convergences sur des questions internationales. La visite d'Etat effectuée en Algérie par l'ancien chancelier, Gerhard Schröder, au mois d'octobre 2004, a indéniablement recentré les relations politiques bilatérales à travers un raffermissement notable les liens économiques et commerciaux. Le volume d'échanges entre les deux pays est passé entre-temps de 1,2 milliard de dollars à 3,14 milliards d'euros en 2007. L'Allemagne, qui occupait il y a seulement trois ans le 9ème rang de nos partenaires étrangers, est aujourd'hui le 5ème plus important fournisseur de l'Algérie. Les accords et conventions paraphés à cette même occasion entre des géants comme Deutz, Henkel ou Siemens et leurs partenaires locaux ont apparemment porté leurs fruits. La visite d'Etat de deux jours, qu'entame aujourd'hui la chancelière Angela Merkel à Alger, est de nature à donner un coup de fouet supplémentaire à cette dynamique. En plus des contrats prévisibles d'approvisionnement en énergie, dont le gaz, les Allemands comptent s'installer pour investir dans d'autres secteurs d'activité comme l'industrie automobile, la chimie, l'électronique ou encore le secteur bancaire et les assurances. A ce rythme, le couple Algérie/Allemagne est en voie d'indiquer le chemin pour une coopération Nord-Sud exemplaire et mutuellement bénéfique. N'ayant aucun antécédent colonial dans le continent l'Allemagne a en ce sens l'avantage de bénéficier d'une certaine sympathie africaine. Un atout qui a aussi son poids lorsqu'on connaît la susceptibilité de l'Afrique aux donneurs de leçons. K. A.