Comme pour les belles berlines germaniques, les relations d'amitié entre l'Algérie et l'Allemagne sont estampillées solides et frappées du sceau de la qualité. Au départ fut la révolution de novembre 1954. Les militants nationalistes algériens recherchés se cachaient en Allemagne transformée en base arrière de la Fédération FLN de France. Les Algériens organisaient des réseaux de passages d'armes et d'exfiltration d'activistes et s'appuyaient sur un bureau de liaison autorisé par la chancellerie. A titre symbolique, le FLN disposait, notamment en la personne de l'homme politique Hans Wiscnewski, d'un avocat de choc de la Cause algérienne. Le ministre du Développement et de la Coopération aidera plus tard à la construction de l'Algérie libre. En signe de reconnaissance, les militants nationalistes, qui n'étaient pas amnésiques, lui donneront le sobriquet affectueux de «Benwisch». Bien que le chemin politique pris par l'Algérie socialiste de Houari Boumediene ne reflète pas l'idéal politique du démocrate socialiste, il restera fidèle à «l'Algérie humaine». Pour lui, la Méditerranée n'a jamais été une frontière mais une passerelle de liaison reliant l'Europe et l'Afrique. L'effondrement du socialisme et l'introduction du pluralisme politique sous le gouvernement des réformes économiques de Mouloud Hamrouche seront très appréciés en Allemagne. Signe de l'amitié indéfectible que les Allemands vouaient à l'Algérie, dans les moments difficiles des années de feu terroriste, l'Allemagne unifiée maintient tous ses engagements en Algérie. Son ambassade restait à l'écoute attentive des fureurs algériennes. Sans jamais conseiller à ses ressortissants de quitter l'Algérie ou de ne pas s'y rendre. De grandes entreprises allemandes garantes du label de qualité germanique comme Siemens, Henkel, MAN, BOMAG et Liebherr, ont continué à travailler dans le pays, pariant sur l'avenir qu'elles n'ont jamais insulté. Autre exemple, la coopération technique, inaugurée en 1962, a été ininterrompue depuis 1974. Aujourd'hui, plus de 140 entreprises allemandes sont présentes sur le marché algérien avec filiales, bureaux de liaison et représentants commerciaux. Le FR3A-Forum d'Affaires algéro-allemand est le premier cadre d'affaires structuré entre les deux pays. Second cadre, l'APREAA, association convertie plus tard en chambre de commerce bilatérale en octobre 2005. Centres d'intérêt : machines, véhicules, électrotechnique et chimie. Les mêmes domaines où l'industrie allemande a posé son empreinte au temps de l'Algérie socialiste où l'assise de l'industrie lourde était germanique. Aujourd'hui, des experts allemands sont désormais détachés en Algérie pour des missions de longue durée alors qu'Andréas Hergenvöther est nommé, en novembre 2004, «coordonnateur des relations économiques germano-algériennes». Symbole fort de la qualité de la coopération algéro-allemande et passerelle de l'amitié entre les deux peuples, le projet de réalisation d'un câble électrique de 3 000 km devant relier les villes d'Adrar et d'Aachen. Il s'agit du premier projet de cette envergure qui reliera l'Afrique et l'Europe (2 milliards d'euros, coût initial). Bien que les échanges hors hydrocarbures soient inférieurs à 1 milliard de dollars (2007), les Allemands comptent désormais proposer aux Algériens la qualité de leurs équipements militaires, notamment des aéronefs, des bateaux et des VAB pour la police, la gendarmerie et l'armée. Ce saut qualitatif dans la coopération bilatérale est sous-tendu par une lecture attentive de l'évolution politique de l'Algérie depuis 1992. L'Allemagne est consciente que son partenaire algérien a su sortir de son isolement international et reprendre sa place comme acteur dynamique sur la scène internationale. Le pays consolide progressivement sa position de puissance régionale aussi bien en Afrique que dans l'espace arabe. Son statut de puissance énergétique, garante des approvisionnements de l'Europe, en fait un partenaire de qualité pour l'Allemagne.