La grippe A(H1N1) n'en finit pas de faire parler d'elle. Les effets secondaires des vaccins, les mutations du virus, les adjuvants censés prévenir ces mutations et, surtout, la réelle dangerosité et la létalité de cette grippe nourrissent les débats entre scientifiques. Des polémiques sont même apparues entre spécialistes qui, s'exprimant ès qualités, estiment qu'on a fait preuve d'alarmisme et exagéré le péril, alors que d'autres soutiennent mordicus que le H1N1 est une véritable menace sur la santé publique qu'il faut éradiquer quel que soit le prix à payer pour acquérir les stocks de vaccins et financer les campagnes de vaccination. Il n'en faudra pas plus pour que la suspicion s'installe. La très sérieuse chaîne de télévision Arte s'est emparée du sujet qu'elle a traité à travers un documentaire qui a donné la parole aux acteurs concernés. Dans la présentation du documentaire diffusé vendredi dernier, on peut lire que, depuis que la grippe A(H1N1) a été déclarée pandémie par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), les gouvernements du monde entier se sont lancés dans la constitution de stocks massifs de vaccins. Avant même que les vaccins ne soient au point, que l'on soit certain de leur efficacité et surtout de la bénignité de leurs effets secondaires, des millions de doses ont été commandées par la plupart des pays. Psychose ou excès de prévention ? Pourtant, le virus H1N1 a tué jusqu'ici moins de 2 000 personnes, un chiffre bien en deçà de celui qu'enregistre la grippe saisonnière. La dépense est-elle en rapport avec la menace réelle ? Le 29 avril dernier, l'OMS avait décidé de passer au niveau 5 d'alerte pandémique, stade qui permet de débloquer des crédits pour développer des vaccins, avant de déclencher le niveau 6, en déclarant la grippe A(H1N1) pandémie mondiale. Comment l'OMS établit-elle ses seuils d'alerte ? L'industrie pharmaceutique influe-t-elle sur ces décisions et celle des gouvernements pour l'achat des vaccins ? La question des intérêts commerciaux en jeu est soulevée. Les actions de Roche sont montées en flèche grâce aux commandes de stocks de Tamiflu, qui lui étaient restés sur les bras après le passage de la grippe aviaire. Des critiques soutiennent que les laboratoires pharmaceutiques ne sont pas étrangers à cet alarmisme qui constitue pour eux une corne d'abondance. Ils voudront pour preuve les collusions entre groupes pharmaceutiques, instances sanitaires et décideurs politiques. En plus des représentants des laboratoires qui siègent à l'OMS, des transfuges de ces laboratoires se retrouvent à des postes de décisions alors que d'autres responsables perçoivent carrément des salaires en tant que consultants de ces laboratoires. Des spécialistes iront plus loin et remettent en question l'efficacité du Tamiflu et des vaccins de GlaxoSmithKline (GSK). Certains s'interrogent même sur la nocivité et celle des adjuvants de ces vaccins dont la fabrication est entourée d'un suspect secret alors que ce ne sont au final que des vaccins pour une souche de grippe, qui ne diffèrent pas grandement de ceux déjà connus. H. G.