Synthèse de Hassan Gherab L'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA) a présenté son avis définitif sur les gaz à effet de serre, estimant que leur excès représentait une menace pour la santé. L'EPA a affirmé que l'avis qu'elle venait d'annoncer constituait une «pré condition à la conclusion» de ses propres normes sur les émissions de gaz à effet de serre des véhicules utilitaires légers. La directrice de l'agence, Lisa Jackson, a signé un décret selon lequel six gaz à effet de serre, dont le dioxyde de carbone, constituent une menace pour la santé publique. «L'EPA est maintenant autorisée, et obligée, de faire des efforts raisonnables pour réduire les polluants à effet de serre», a-t-elle expliqué lors d'une conférence de presse. «Ces conclusions attendues de longue date scellent 2009 dans l'histoire comme l'année où le gouvernement des Etats-Unis a commencé à s'atteler au défi des émissions polluantes liées aux gaz à effet de serre», a-t-elle affirmé. C'est un pas historique que l'EPA vient de faire franchir aux Etats-Unis, un pays qui a refusé de ratifier le protocole de Kyoto qui limite les émissions de gaz à effet de serre. Ainsi, avec cette décision, l'EPA s'autorise à, désormais, édicter elle-même des règles encadrant les émissions de ces gaz sans attendre que le congrès légifère. Toutefois, la Maison-Blanche a souligné peu après que le président Barack Obama considérait toujours le vote d'une loi au Congrès comme la meilleure façon de limiter les émissions américaines. Mais, de fait, la décision de l'EPA est du pain bénit pour lui. Elle s'offre comme un levier supplémentaire entre les mains d'Obama qui s'était engagé à la veille du sommet de Copenhague de réduire les émissions de CO2 aux Etats-Unis de 17% d'ici à 2020 par rapport à 2005 même si le Congrès, très divisé sur le sujet, s'y oppose. Et pour cause, de nombreux élus sont originaires de régions productrices de charbon, une énergie très polluante à l'origine de 50% de la production d'électricité aux Etats-Unis. Adopté en juin à la Chambre des représentants, le projet de loi démocrate qui prévoit de réduire les émissions de CO2 dans la proportion promise par Barack Obama ne doit pas être adopté au Sénat avant 2010, s'il est adopté. Car, déjà, certains élus républicains prennent prétexte du «Climategate», ce scandale concernant des climatologues accusés d'avoir manipulé les données en Grande-Bretagne pour refuser toute réglementation sur le changement climatique. Mme jackson répondra à ces critiques en martelant qu'il y a des «preuves accablantes» du réchauffement climatique. Le sénateur John Kerry, principal auteur du projet de loi qui doit être débattu au Sénat, réagira également en mettant les parlementaires face à leurs responsabilités. «Le message envoyé au Congrès est clair comme de l'eau de roche :il faut bouger. Si le Congrès ne vote pas un texte sur le changement climatique, l'administration serait justement amenée à se servir de l'EPA pour imposer de nouvelles règlementations», dira-t-il. Pour sa part, le gouverneur républicain de Californie, Arnold Schwarzenegger, a jugé que les conclusions de l'EPA constituaient «une bonne nouvelle» alors que son homologue républicain du Texas fustigeait une décision «inconsciente» prise par des «fonctionnaires non élus». Le camp républicain est soutenu dans sa lutte contre toute limitation des émissions de gaz à effet de serre par les milieux industriels américains qui disent craindre que cette décision ne fasse effet de frein pour l'économie et l'emploi alors que le pays se débat encore pour sortir de la récession. Ce n'est pas l'avis du secrétaire américain à l'Energie, Steven Chu, qui soutient qu'elle sera à terme bénéfique à l'industrie américaine. «Nous vivrons dans un monde coopératif limitant l'émission de carbone. Et les Etats-Unis peuvent jouer un rôle de leader dans la création de technologies nouvelles permettant de produire de l'énergie en n'émettant que peu de carbone […]. Nous pouvons suivre le mouvement, mais si nous l'initions, cela ne fera qu'accroître notre prospérité économique», dira-t-il.