L'euphorie née de la qualification des Verts pour le Mondial 2010 a imposé un nouveau décor nocturne à la capitale. L'effet de la victoire n'a pas pour autant duré longtemps. La ville est retombée dans sa monotonie traditionnelle à tel point qu'on se croit dans une cité inhabitée. A l'exception de quelques commerçants de quartiers qui maintiennent le service, il est difficile de trouver un magasin ouvert sur l'une des grandes avenues de la première ville du pays. Au-delà de 19 h, la ville est cadenassée. Les cafés, lieux de rencontre entre jeunes, baissent rideau l'un après l'autre. Le constat est similaire au niveau des restaurants. Il ne restait aux noctambules que les cybercafés ou l'ambiance est nettement animée que celle de l'extérieur. La quasi-totalité des cybercafés de la capitale affichent complet dès les premiers instants de la soirée. Les retardataires sont souvent tenus de rester en position d'attente. Une attente qui s'éternise dans certains cas pour la simple raison que le Net accroche tous les Algériens. La conjoncture footballistique aidant, ils surfent sur tout ce qui a trait aux nouvelles des Verts. «Y a-t-il du nouveau à propos de notre équipe nationale de football ?» ne cessent de s'interroger des jeunes internautes à l'affût de la moindre nouvelle. Les gérants de cybercafé ne cachent pas leur satisfaction en voyant que le nombre de visiteurs a augmenté en cette période de ferveur footballistique. «Je gère cet espace depuis cinq ans, mais je n'ai jamais vu une telle affluence. Croyez-moi, je n'arrive pas à fermer tellement les jeunes revendiquent des heures supplémentaires. Une demande que je ne peux pas ignorer dans le sens où il s'agit de clients abonnés», relève un propriétaire de cybercafé sur la rue Hassiba Ben Bouali. Dans le cyber «Espace orange», réputé pour son service nocturne, la demande est persistante. «L'essentiel est de trouver une place et de surfer jusqu'à l'aube», répond un jeune à l'adresse du gérant qui lui expliquait que les postes étaient tous occupés. Au niveau des cybers, la demande a de loin dépassé l'offre. Certains jeunes n'ont pas trouvé de meilleure solution que de se rendre dans les cybercafés tard dans la nuit. «Moi, je préfère aller au cyber une fois les places libérées. Je suis insomniaque, alors il vaut mieux que je reste en contact avec des gens comme moi», lâche Amine. L'effervescence à l'intérieur des cybercafés contraste avec la monotonie qui s'installe quotidiennement sur les routes principales de la capitale où trouver une pharmacie encore en service est une chimère. Dans la rue Larbi Ben Mhidi, très animée pendant la journée, le décor nocturne renvoie un silence de cimetière. Le silence est brisé par les discussions entre jeunes du quartier en bas de l'immeuble tantôt autour du football tantôt sur des questions intimes. A. Y.